Market Monitor Construction France 2020

Avec une croissance du PIB français qui devrait continuer de ralentir en 2020, l’horizon de la construction reste relativement sombre pour tous les grands secteurs. La Fédération Française du Bâtiment estime à 1,2 % le rythme de croissance d’activité du bâtiment en 2019 (après une hausse de 2,3 % en 2018 et même de 5 % en 2017), une progression modérée tirée par le non résidentiel, tandis que le résidentiel enregistre de faibles performances (hausse de seulement 0,8 %).

En 2020, la production de la construction résidentielle devrait baisser de 1 %. Les permis de construire de logements neufs devraient enregistrer un recul d’environ 1,5 %, ce qui aura une incidence sur les logements unifamiliaux et multifamiliaux. Ce retrait est principalement dû à une baisse des dépenses publiques. Depuis 2018, le nombre de bénéficiaires d’exonérations fiscales (tant pour les premiers acheteurs que pour les investisseurs) a été considérablement réduit, et les investissements dans le logement social ont diminué. Les entreprises actives dans la construction résidentielle sont souvent confrontées à des marges serrées et à des problèmes de besoins en fonds de roulement.

La construction commerciale et publique en perte de vitesse

La production hors logement a augmenté de 5,1 % en 2019, hausse tirée par une forte demande d’immeubles industriels et logistiques et, dans une moindre mesure, d’immeubles de bureaux (principalement en région parisienne). La croissance de la production devrait toutefois ralentir à 2,8 % en 2020, en raison d’une baisse de la demande du secteur de la vente au détail, tandis que les investissements industriels seront entravés par une modeste croissance économique.

Le segment de la construction publique est en perte de vitesse après deux années dynamiques, favorisées par le cycle électoral. Les carnets de commandes se dégarnissent depuis septembre 2019 et la production devrait décélérer durant le deuxième semestre de 2020. Alors que le projet du Grand Paris continuera de soutenir le segment dans les années à venir, les activités commerciales de ce sous-secteur souffrent déjà d’une forte concurrence et de faibles marges. La suppression des exonérations de taxe en 2020 aura une incidence négative sur les finances des entreprises.

La valeur ajoutée du segment des matériaux de construction devrait ralentir de 0,3 %, après une baisse de 0,4 % en 2019. Le marché reste morose et les entreprises font face à des marges serrées.

Si les entreprises de construction sont confrontées à des prix plus élevés pour les matières premières et l’énergie ainsi qu’à des coûts de main-d’œuvre plus élevés, elles ont du mal à répercuter ces hausses de prix en raison de la concurrence féroce. Les grands acteurs continuent de faire pression sur leurs sous-traitants. Les marges d’exploitation sont restées serrées en 2019, alors qu’un montant important de liquidités était nécessaire pour financer les carnets de commandes. La gestion des liquidités demeure un problème majeur pour de nombreuses entreprises de construction, surtout les plus petites. Les banques rechignent à accorder des prêts à l’industrie. La suppression des exonérations de taxe (pour le gazole non routier et les charges sociales des ouvriers du bâtiment) contribuera à faire baisser les marges bénéficiaires en 2020.

Augmentation considérable des retards de paiement

Dans le secteur de la construction, les paiements prennent en moyenne 65 jours. L’expérience relative aux paiements au cours des deux dernières années a été plutôt mauvaise, et les notifications de non-paiement ont augmenté de manière significative depuis le second semestre de 2018, reflétant des difficultés dans les segments des travaux structurels et de la construction de maisons individuelles D’après la Banque de France, les défaillances dans le secteur de la construction ont reculé de 6,2 % en glissement annuel durant la période de janvier à novembre 2019. Les entreprises de plus de dix employés étaient les plus touchées. Sur le plan des segments, la construction de logements individuels affiche la détérioration la plus marquée (plus de 19 %). Cette association entre une hausse des retards de paiement et une baisse des faillites d’entreprises s’explique par le fait que, pour l’heure, nombre d’entreprises n’ont rencontré que de temporaires difficultés/ tensions sur la trésorerie pour financer les besoins en fonds de roulement, qui se sont accrus au fil du temps. En 2020, les défaillances devraient se stabiliser ou s’accroître légèrement d’environ 2 %.

Dans ce contexte, notre politique de couverture reste réservée pour l’ensemble des sous-secteurs. Toutefois, nous continuons de fournir une couverture à nos clients chaque fois qu’il est raisonnable et prudent de le faire.

Nous nous concentrons sur l’état de la trésorerie et les facilités de crédit disponibles pour les acheteurs, en particulier les petites et moyennes entreprises. Plusieurs indicateurs financiers clés doivent être analysés : le niveau d’activité, les marges et la capacité à financer le besoin en fonds de roulement. Les coûts financiers élevés sont un indicateur clé de la pression potentielle sur les liquidités. Nous essayons également d’évaluer la capacité des entreprises de construction à gérer des projets plus importants que d’habitude, car nous constatons souvent que les petites entreprises ne peuvent pas faire face aux difficultés financières dues à une tarification et à une allocation des ressources insuffisantes.