Considérant cet environnement commercial plus difficile, les marges bénéficiaires se sont détériorées au 2e semestre 2017, et une autre dégradation est à prévoir en 2018.
- Des perspectives incertaines pour 2018
- Délais de paiement: de 45 à 60 jours en moyenne
- Augmentation des retards de paiement et des faillites à prévoir
Si les dépenses des consommateurs, encouragées par un taux d’emploi relativement élevé et une inflation faible, ont été le moteur de la croissance économique britannique ces dernières années, les perspectives 2018 du secteur britannique de la distribution de produits non alimentaires semblent moins favorables. En effet, la confiance des consommateurs a diminué, les dépenses des ménages sont en baisse (elles ne devraient croître que d’à peine 1% cette année), les prix sont plus élevés, le chômage augmente et les salaires réels déclinent.
Selon l’observatoire du commerce de détail BRC-KPMG, cette dégradation s’est amorcée fin 2017 quand, pendant la période septembre- novembre 2017, les ventes de produits non alimentaires (Black Friday inclus) ont diminué de 3,7% en glissement annuel pour décliner encore de 0,6% de novembre 2017 à janvier 2018. Pendant cette période, les ventes en ligne, qui représentent environ 15% des ventes au détail, ont augmenté de 7% aux dépens des détaillants traditionnels. Cependant, ce taux de croissance du commerce en ligne est inférieur à celui de l’année précédente, ce qui prouve que même ce segment connaît un ralentissement. De plus, en janvier 2018 (un moment de l’année traditionnellement essentiel pour les achats importants) les ventes de meubles et d’appareils ménagers ont été décevantes.
Considérant cet environnement commercial plus difficile, il n’est pas surprenant que les marges bénéficiaires se soient détériorées au 2e semestre 2017, et une autre dégradation est à prévoir en 2018, notamment pour les détaillants traditionnels. Par conséquent, de nombreux grands distributeurs traditionnels établis de longue date tentent de compenser ce déclin de leurs activités hors ligne par la croissance de leurs canaux électroniques.
En moyenne, les délais de paiement dans le secteur de la distribution de biens de consommation durables sont compris entre 45 et 60 jours. Nous avons observé une augmentation significative des notifications de non-paiement au 2e semestre 2017, une tendance qui devrait se poursuivre en 2018 si l’on considère que le commerce de détail britannique reste hautement concurrentiel et qu’il est confronté à la hausse des coûts, au changement des habitudes d’achat (augmentation de la sensibilité au prix et croissance des ventes en ligne) et à la baisse des dépenses des consommateurs.
Les faillites d’entreprises devraient augmenter ’environ 5% en 2018, après la hausse déjà constatée au cours des six derniers mois. Le secteur traverse actuellement une période de correction, les entreprises qui ne s’adaptent pas à la demande en ligne étant confrontées à de graves difficultés. D’autres facteurs affectent aussi le secteur: la dépréciation de la livre qui rend les produits plus chers (ce qui concerne surtout les gros achats - les «big tickets» - et les commerces de meubles) et les hausses du salaire minimum, ce qui conduit à la difficulté de répercuter la hausse des coûts des intrants sur les clients dans un marché hautement concurrentiel et qui rétrécit.
Pour le moment, nous conservons une approche neutre à restrictive pour la couverture des risques du segment des biens durables. Le secteur des appareils ménagers se porte relativement bien pour l’instant, mais une détérioration ne peut être exclue à l’avenir. Tandis que les ventes de big tickets plongent, nous observons que les grands opérateurs du segment des meubles luttent pour survivre et que certains petits détaillants sont déjà devenus insolvables. Dans le segment de l’électronique grand public, la vente au détail de téléphones s’avère particulièrement problématique en raison de l’absence d’innovation, de l’allongement de la durée de vie des appareils et du changement de la législation de l’UE en matière de tarifs d’itinérance.
Nous continuons à surveiller régulièrement l’évolution de la situation dans le secteur, notamment par des contacts fréquents avec les acheteurs, en particulier ceux qui dépendent fortement d’un approvisionnement étranger en matières premières, ceux qui ont un important portefeuille de points de vente, ont un service de la dette très élevé et dont la situation financière montre des signes de dégradation. Dans l’ensemble, les détaillants font preuve de bonne volonté s’agissant de partager des informations financières confidentielles, ce qui nous permet de prendre des décisions parfaitement éclairées.