La menace de Trump de réviser les accords de l’ALENA et de construire un mur à la frontière mexicaine pourraient offrir de nouvelles opportunités commerciales avec le Mexique.
Résumé
- Alors que la construction d’un mur évoquée par Trump reste un sujet d’actualité, la potentielle modification des arrangements commerciaux pourrait élargir le scope commercial pour un certain nombre de pays.
- La menace de Trump de réviser les accords de l’ALENA et de construire un mur à la frontière mexicaine pourraient offrir de nouvelles opportunités commerciales avec le Mexique.
- Les secteurs les plus favorable à des investissements commerciaux au Mexique sont l’énergie, les technologies environnementales, les transports publics, la construction, les travaux publics et l’automobile.
L’enthousiasme du Président Trump pour la construction d’un mur à la frontière avec le Mexique pour lutter contre l’arrivée illégale d’immigrés aux Etats-Unis continue de générer des incertitudes à travers le continent américain. Le Mexique a initialement réagi à cette menace avec indignation, jusqu’à ce qu’il soit devenu clair que cette menace n’était pas prise au sérieux par les membres de l’administration Trump.
Ce que le gouvernement mexicain a néanmoins pris au sérieux, est l’appel de Trump à l’industrie automobile américaine de démanteler leurs chaines d’assemblement mexicaines sous peine de taxes douanières élevées sur les produits finis à destination des Etats-Unis. L’argument de Trump est que cela serait une première étape vers le retour au succès passé des entreprises automobile de la ville de Détroit.
Les menaces commerciales sont prises plus au sérieux que les proclamations sur l’immigration car elles sont plus réalistes en terme de faisabilité. Ces menaces commerciales peuvent potentiellement causer des dommages économiques considérables.
Mais, le mur continue de dominer l’actualité mexicaine. Pourquoi ?
Car Trump utilise l’un des outils les plus puissants des récits : un symbole. Comme la baleine blanche de Herman Melville dans Moby Dick, le mur stimule l’imaginaire.
Paradoxalement, une partie de l’administration mexicaine serait ravie de voir le mur se construire entre les deux pays. Josè Guerra Abud, l’ambassadeur mexicain en Italie, pour exemple, a récemment défendu que la menace de fermeture de Trump serait bénéfique pour le Mexique. Il a affirmé que l’économie de son pays est trop étroitement liée aux Etats-Unis, et que les entrepreneurs mexicains auraient intérêt à se tourner vers d’autres marchés en Amérique Latine, Europe et Asie.
Depuis que l’ALENA fût promulgué en 1994, le commerce entre le Canada, les U.S.A, et le Mexique a connu une croissance exponentielle. Le commerce entre les Etats-Unis et ses voisins a quasiment quadruplé : la valeur des exportations mexicaines vers les Etats-Unis représente plus de 300 milliards de Dollars U.S., et les industries de ce commerce emploient un demi-million de mexicains. Selon les analystes, cette croissance est largement dû à la redistribution des ressources en dehors des partenaires commerciaux pré-ALENA du Mexique, et non à la richesse nouvelle.
Dans ce sens, le protectionnisme de Trump pourrait aider le Mexique à diversifier davantage ces partenaires à l’export et donc à réduire sa sur-dépendance envers les Etats-Unis pour son commerce extérieur. Actuellement, le Mexique possède 12 Accords de libre-échange avec 46 pays, et s’attache à renforcer ses liens commerciaux avec l’Union Européenne, le Mercosur, et l’Asie. Avec plus de 100 millions de consommateurs au Mexique, cette politique de diversification des marches pourrait offrir aux fournisseurs de pays tiers des opportunités de s’introduire commercialement dans l’un des marchés d’Amérique Latine, ayant un fort potentiel commercial.
Le Mexique est membre du G20 et de l’OCDE, et affiche une meilleure stabilité économique que beaucoup d’autres pays d’Amérique Latine. Il a également une population de 120 millions d’habitants, avec la moitié âgée de moins de 30 ans –indicateur clé d’un marché émergeant en croissance. La performance économique du Mexique indique également un future positif : la croissance du PIB a ralenti en 2016, mais est toujours en augmentation de 2.0%, le déficit public représente 2.6% du PIB.
Avec les sérieuses références précédentes, un nouvel Accord de libre-échange avec l’Union Européenne pourrait s’avérer plus réaliste et être une opportunité immédiate. En effet, les récents mois ont vu une accélération des négociations visant à renouveler et étendre l’Accord de libre-échange entre le Mexique et l’Union Européenne, entré en vigueur en 2000. Des réunions ont déjà eu lieu à Mexico City en Avril et en Juin. Selon toutes apparences, le renouvellement de l’accord commercial avec le Mexique serait bénéfique pour l’UE également. Depuis l’entrée en vigueur de cet accord, les volumes commerciaux entre l’UE et le Mexique ont triplé, et la valeur annuelle des échanges commerciaux est actuellement de 53 milliards d’Euros. La balance pèse en faveur de l’Union Européenne, qui a exporté 33 milliards d’Euros de biens et services en 2016 vers le Mexique.
D’autres accords commerciaux nécessitent des négociations plus longues, à savoir les accords de libre-échange potentiels avec le Mercosur et l’Asie-Pacifique. Au sein du Mercosur, le Mexique essaie de resserrer les liens étroits avec le Brésil et l’Argentine – deux gros pays exportateurs de produits agricoles – afin de répondre aux besoins agricoles nationaux. De plus, des discussions bilatérales sont en cours avec l’Australie et la Nouvelle Zélande, deux autres importants pays exportateurs agroalimentaire.
Les opportunités d’investissements
Les principales opportunités d’investissement au Mexique concerne le secteur de l’énergie, pour l’exploration et l’exploitation de vastes puits de pétrole mexicains, et pour le développement des énergies renouvelables. Le Mexique souhaite augmenter l’utilisation des énergies renouvelables de 25% à 35% de la consommation d’énergie d’ici 2024.
La demande en services et technologies environnementales au Mexique sont également en pleine croissance : traitement de l’eau et des déchets urbains, et les transports publics vont certainement être les bienvenus dans un pays où, ces dernières années, les urgences climatiques et environnementales ont augmenté à côté de la population et de la croissance économique.
La construction et les travaux publics offrent la troisième opportunité d’investissement. Cela est particulièrement vrai pour les zones résidentielles et professionnelles – routes, autoroutes, trains, ports, aéroports – dont le gouvernement souhaite accélérer la modernisation.
L’industrie automobile reste un secteur clé. Beaucoup de constructeurs automobile ont des usines au Mexique, faisant du pays le 7ème plus grand constructeur automobile dans le monde. Plus de 600 entreprises automobiles se sont établies dans le pays ces dernières années, et d’ici 2023, la production automobile devrait avoir quadruplé par rapport aux niveaux 2016.
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