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L'UE envisage un partenariat avec les pays voisins du Pacifique

Des liens plus étroits pourraient stimuler le commerce et créer une alternative fonctionnelle à l’OMC en difficulté. Mais sans la Chine et les États-Unis, un partenariat UE-CPTPP peut-il avoir un impact significatif ?
31 Jul 2025

L’UE se tourne vers le Pacifique pour relancer un commerce fondé sur des règles

Après un sommet UE-Chine décevant et un nouvel accord commercial UE/États-Unis largement perçu comme une victoire pour Washington, l’UE cherche à renforcer ses liens avec les pays du Pacifique dans l’espoir de revenir à un commerce fondé sur des règles.

L’accord avec les États-Unis, conclu le 27 juillet, impose des droits de douane de 15 % sur la plupart des produits européens — soit la moitié de ce qui avait été initialement menacé. Bien qu’il évite une guerre commerciale pour l’instant, ce tarif reste plus élevé que ce qu’espéraient les entreprises européennes. De son côté, la Chine a refusé toute concession sur l’accès au marché et les subventions publiques, deux points de tension de longue date avec l’Occident.


Une stratégie Pacifique pour contourner les blocages

Les inquiétudes concernant les relations avec les deux plus grandes économies mondiales renforcent l’intérêt de l’UE pour une stratégie tournée vers le Pacifique. Présentée lors d’un sommet européen fin juin, cette initiative vise à établir un accord structuré de coopération commerciale avec le CPTPP (Accord de partenariat transpacifique global et progressiste), un pacte régional regroupant 11 pays du Pacifique et le Royaume-Uni.

L’UE espère ainsi :

  • Stimuler le commerce avec des économies majeures comme le Japon, l’Australie, le Canada et le Mexique,
  • Envoyer un message fort à Washington et Pékin sur les avantages du respect des règles,
  • Et contourner la paralysie actuelle de l’OMC.

La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a déclaré que cet accord montrerait « qu’un commerce libre avec de nombreux pays est possible sur une base fondée sur des règles ».


Une réponse à une crise de longue date

La crise actuelle remonte à 2019, lorsque les États-Unis ont commencé à bloquer les nominations à l’Organe d’appel de l’OMC, rendant le mécanisme de règlement des différends inopérant. Depuis, les conflits commerciaux restent sans solution, et les négociations sur des sujets clés comme les subventions à la pêche ou les règles agricoles sont au point mort.

L’UE cherche donc à préserver ses intérêts :

  • Elle fait face à des droits de douane de 15 % sur ses exportations vers les États-Unis,
  • Elle estime que les subventions chinoises faussent la concurrence, notamment dans l’automobile,
  • Et elle voit dans le CPTPP, dont le PIB est presque équivalent à celui de l’UE, un partenaire stratégique.

Des raisons d’espérer… mais aussi des limites

L’initiative pourrait :

  • Renforcer les chaînes d’approvisionnement avec des partenaires fiables,
  • Créer un espace commercial fondé sur des règles, plus agile que l’OMC,
  • Et ouvrir la voie à de nouveaux accords sur des sujets comme les chaînes durables, les technologies propres ou le commerce numérique.

Mais sans la participation des États-Unis et de la Chine, son impact pratique pourrait rester limité, même si le message symbolique est fort.


Un pari risqué ?

Certains craignent que cette initiative ne subisse le même sort que le MPIA, un mécanisme temporaire de règlement des différends mis en place par 57 membres de l’OMC (dont l’UE, le Royaume-Uni et la Chine), mais ignoré par les États-Unis.

Le président Trump semble peu réceptif aux pressions extérieures, imposant des tarifs même à ses alliés. Quant à la Chine, elle pourrait ignorer un organisme qui propose des règles plus strictes que celles de l’OMC.

De plus, les objectifs concrets de ce partenariat UE-CPTPP restent flous : s’agit-il de compléter ou de remplacer l’OMC ? Les déclarations de von der Leyen et du chancelier allemand Friedrich Merz divergent sur ce point.

Enfin, même si un accord est conclu, il ne compensera pas la baisse de la demande américaine. Et comme le rappelle l’économiste Dana Bodnar, il faut en moyenne 18 mois pour négocier un accord, et 24 mois supplémentaires pour le mettre en œuvre — soit après la fin du second mandat de Trump.


Un levier de négociation ?

L’UE pourrait aussi utiliser cette initiative comme moyen de pression dans ses futures négociations avec Washington. Les dirigeants européens sont partagés entre conclure rapidement un accord pour rassurer les entreprises, ou adopter une posture plus ferme en espérant de meilleures conditions plus tard.

Un levier stratégique pour l’UE

Quoi qu’il en soit, renforcer les liens avec un bloc économique puissant en dehors des États-Unis semble être une manière raisonnable de consolider la position de négociation de l’UE, à court comme à long terme.
L’UE et les États-Unis ont peut-être conclu un accord commercial, mais rien ne garantit que le président Trump ne reviendra pas à ses menaces tarifaires à l’avenir.

Dans un contexte géopolitique et commercial de plus en plus tendu, un accord UE-CPTPP a du sens. Les deux blocs subissent les effets des tarifs américains et souhaitent le retour d’un ordre commercial mondial fondé sur des règles.

Mais il faut gérer les attentes. De nombreux obstacles pratiques à un accord subsistent, et sans la participation des États-Unis et de la Chine, tout accord éventuel ne pourra être qu’un modeste premier pas vers un modèle commercial mondial plus harmonieux et fonctionnel.

 

Summary

L’UE se tourne vers les pays du bloc commercial CPTPP dans sa quête d’un retour à un commerce fondé sur des règles

L’objectif principal est de contourner la paralysie persistante au sein de l’Organisation mondiale du commerce (OMC).

Même si la logique de cette initiative semble solide, la question reste de savoir si elle fonctionnera réellement.

Sans la participation des États-Unis et de la Chine, l’impact pratique d’une alternative à l’OMC pourrait être limité.

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