Pays / Langue
Changer de pays
Choisissez un autre pays ou une autre région pour voir le contenu spécifique à votre lieu de résidence.
Sélectionnez votre langue
image
Presse

L'industrie allemande lutte pour rester au sommet

À l'approche du tournoi de l’Euro 2024 de l’UEFA, le pays hôte, l’Allemagne, aspire à renouer avec le succès, sur et en dehors du terrain.
14 Jun 2024

Le Championnat d'Europe de football de l’UEFA 2024 débutera le 14 juin en Allemagne, et le pays se prépare pour un mois de festivités autour du football.

Mais, alors que les supporters allemands espèrent de beaux matchs et des buts spectaculaires, les dirigeants d’entreprises espèrent que le football pourra redonner le moral à un pays qui reste en proie à une profonde récession économique.

Selon Oxford Economics, le PIB allemand devrait encore stagner cette année, après une croissance nulle en 2023. Un léger rebond de 1,3 % est prévu pour 2025. Les exportations ne devraient augmenter que de 0,3 % cette année, après une baisse de 1,7 % en 2023.

Les grands tournois internationaux peuvent fournir un soutien précieux aux économies nationales, mais l’optimisme autour de l’Euro 2024 reste modéré. Selon une enquête auprès des entreprises du secteur de l'hôtellerie, seuls 16 % des répondants pensent que le tournoi aura un impact positif sur les réservations ou le chiffre d'affaires.

L’enjeu est de taille pour l'Allemagne, première économie européenne, tant pour ses partenaires européens que pour ses exportations. Dans cet article, nous examinerons les défis auxquels l’économie allemande est confrontée à l’approche de l’Euro 2024 et approfondirons les perspectives de plusieurs secteurs clés.

L’économie allemande continue de lutter
Si les entreprises allemandes entrevoient une sortie de crise, celle-ci reste lointaine. Nous prévoyons que la production industrielle diminuera d'environ 1 % cette année par rapport à 2023, avant de connaître une croissance de 3 % en 2025.

Les investissements des entreprises ont probablement atteint leur point le plus bas et pourraient augmenter en 2024, mais avec un taux de croissance de 0,4 %, les dépenses resteront faibles comparées aux niveaux historiques. Ce manque d'investissements pourrait nuire à l'efficacité et à la compétitivité des entreprises allemandes à mesure que l'économie mondiale se redressera en 2025 et au-delà.

Par ailleurs, la guerre en Ukraine continue de peser. La crise énergétique s’est apaisée, mais les prix du gaz resteront probablement plus élevés qu’avant la pandémie, ce qui affecte la compétitivité des industries énergivores.

Les dépenses de consommation devraient redevenir positives en 2024, bien que nous ne nous attendions pas à ce qu'elles atteignent les niveaux d’avant la pandémie avant la fin de l'année. La forte croissance des salaires pourrait stimuler la consommation, mais un sentiment morose pourrait encourager l'épargne plutôt que les dépenses.

Les entreprises confrontées à des retards de paiement
En conséquence, les entreprises peinent. Les faillites dans le secteur manufacturier augmentent à l’échelle mondiale. En même temps, les entreprises sont confrontées à une inflation et des taux d'intérêt élevés, tandis que les banques, plus prudentes, ont resserré leurs critères de prêt.

En résumé, nous prévoyons une détérioration de la situation financière des entreprises allemandes en 2024.

Les fournisseurs de l’automobile en difficulté
Les constructeurs automobiles allemands subissent la pression d’une demande mondiale en baisse et de la transition vers les véhicules hybrides et électriques. D’après Oxford Economics, la croissance de la production automobile allemande devrait passer de 12,8 % en 2023 à 3,0 % en 2024 et 1,3 % en 2025.

À long terme, les constructeurs allemands devront investir massivement pour rester compétitifs face aux fabricants chinois sur le marché des véhicules électriques en pleine croissance. Nous prévoyons l'arrivée en Europe de véhicules électriques abordables d'Asie. Toutefois, la Commission européenne envisage d’augmenter les droits d’importation sur ces véhicules chinois.

Les producteurs de produits chimiques en difficulté mais résilients
L'Allemagne est de loin le plus grand producteur de produits chimiques d'Europe, représentant plus de 4 % de la production mondiale. Cependant, en tant qu'industrie énergivore, la production subit encore l'impact des fortes hausses de prix du gaz de 2022.

À plus long terme, des préoccupations demeurent. Les prix du gaz resteront probablement supérieurs aux niveaux d’avant-crise, car l’Europe remplace le gaz russe par des importations mondiales de gaz naturel liquéfié. Les réglementations européennes continuent de se resserrer, ce qui pourrait nuire à la compétitivité des producteurs allemands face à leurs homologues américains et asiatiques.

La faible demande freine la reprise du secteur des métaux
Les perspectives du secteur allemand des métaux et de l'acier sont sombres, la production de métaux de base devant diminuer de 3,2 % en 2024, après une contraction de 1,7 % l'année précédente.

La crise énergétique a également affecté les producteurs de métaux, et les coûts restent au-dessus des niveaux historiques. En conséquence, nous prévoyons une augmentation des retards de paiement et des faillites en 2024.

Craintes de faillites et de pertes d’emplois dans le secteur de la mécanique
La production de génie mécanique est entrée en territoire positif en 2023, mais devrait se contracter de 3,2 % cette année. Un léger rebond de 1,6 % est prévu pour 2025.

« La situation s'aggrave avec le nombre croissant de signalements d'impayés à la suite de livraisons à des entreprises de génie mécanique allemandes », souligne Jens Stobbe.

Un but de retard - mais toujours dans le jeu
À l’approche de l’Euro 2024, l’économie allemande est en difficulté et peine à retrouver la constance et la stratégie pour lesquelles elle était autrefois reconnue. Les retards de paiement et les problèmes de liquidité augmentent. Mais tout n’est pas perdu. Malgré les difficultés, l'industrie allemande reste résiliente et bien gérée. Les dirigeants se tournent vers 2025 en espérant des signes de redressement.