La crise énergétique a-t-elle un côté positif ?

L'actualité d'Atradius

La hausse des prix de l'énergie a conduit les gouvernements à mettre en place des initiatives majeures pour accélérer la transition vers les énergies propres.

 

 

 

Solar panel farm

 

 

 

En 2022, l'invasion de l'Ukraine par la Russie a précipité une crise énergétique qui persiste encore aujourd'hui. La lutte de l'Europe de l'Ouest pour se détourner du pétrole et du gaz russes a impacté le secteur mondial de l'approvisionnement énergétique, entraînant une explosion des prix de l'énergie.

Cela est particulièrement vrai pour le gaz naturel, dont les prix ont atteint des niveaux sans précédent dans les mois suivant le début de la guerre. Les prix payés par les ménages et les entreprises restent dangereusement élevés, notamment en Europe.

En réponse, l'Europe s'est approvisionnée en gaz naturel liquéfié (GNL) à travers le monde et investie fortement dans les infrastructures nécessaires pour mieux gérer les importations de GNL à l'avenir.

En parallèle, les centrales de charbon inactives ont été remises en service et les projets de mise hors service des centrales nucléaires vieillissantes ont été suspendus.

Mais quelles sont les alternatives ?

Dans l'immédiat après-crise, la priorité a été de maintenir l'éclairage allumé. Une crise des combustibles fossiles a été résolue par des solutions essentiellement fossiles. Mais à long terme, la crise accélérera la transition vers les énergies propres. Les investissements dans les énergies renouvelables sont en hausse avec la baisse des coûts, et de nouvelles initiatives politiques majeures - visant en partie à créer une sécurité énergétique - contribuent à un sentiment d'optimisme.

Un retour aux années 1970 ?

La crise est souvent mère d'invention, et nous vivons une crise sans précédent. Elle a été décrite comme un retour aux années 1970, une décennie tristement célèbre pour la flambée des prix de l'énergie et l'inflation galopante. John Lorié, Economiste en chef d'Atradius, affirme que notre situation actuelle est, à certains égards, pire.

« Il y a des similitudes avec les années 1970, car dans les deux cas, la crise a été causée par des problèmes géopolitiques et a entraîné une inflation plus élevée. Mais la grande différence, c'est que cette fois-ci, la perturbation est beaucoup plus répandue, allant au-delà du pétrole pour toucher les prix du gaz, du charbon et de l'électricité, et ayant un effet plus profond sur l'économie dans son ensemble. »

Les prix de l'électricité ont triplé en Europe au premier semestre 2022, car la Russie a réduit ses approvisionnements en gaz en réponse aux sanctions économiques et au soutien politique apporté à l'Ukraine. La hausse des prix du charbon et la baisse de la disponibilité du nucléaire ont aggravé le problème, et la sécheresse a réduit la contribution de l'hydroélectricité. Ce fût la tempête parfaite pour le secteur de l'énergie.

En réponse, l'Europe a acheté des stocks de gaz naturel liquéfié (GNL), créant un effet d'entraînement qui a fait grimper les prix de l'énergie dans le monde entier.

Problèmes énergétiques à long terme

Tout cela était-il évitable ? Aurions-nous pu mieux nous préparer à un choc d'approvisionnement énergétique mondial ? L'Europe et le monde en général ont-ils pris la sécurité énergétique pour acquise ?

Certains experts en énergie démontrent un sous-investissement dans la capacité des combustibles fossiles au cours des dernières années, qui n'a pas été compensé par des investissements plus importants dans l'énergie nucléaire ou les technologies alternatives. Bien que l'investissement dans la capacité des combustibles fossiles puisse sembler en contradiction avec les ambitions de neutralité carbone, de nombreux experts estiment qu'il est nécessaire pour garantir la stabilité. Une offre réduite pourrait avoir créé des déséquilibres offre-demande et une volatilité des prix même sans un choc grave tel que la guerre en Ukraine.

En parallèle, la forte dépendance de l'Europe au gaz russe est une faiblesse structurelle de longue date. Les gouvernements étaient conscients du risque avant 2022, mais n'y ont pas réellement remédié. La Russie a satisfait plus de 40% de la demande de gaz de l'Europe entre 2015 et 2020.

« Si l'Europe avait diversifié son approvisionnement énergétique plus tôt, la crise actuelle n'aurait peut-être pas été évitée, mais elle aurait été nettement moins perturbatrice », déclare John Lorié, Economiste en chef d'Atradius.

Il est difficile de ne pas conclure que la sécurité énergétique n'a pas été prise suffisamment au sérieux, surtout en Europe. Lorsque la crise est survenue, les gouvernements ont été contraints d'intervenir pour aider les ménages et les entreprises à payer des factures d'énergie en hausse. Selon l'Agence internationale de l'énergie (AIE), nous comptons 550 milliards de dollars d'interventions gouvernementales jusqu'en septembre de l'année dernière. De plus, certains pays ont introduit des incitations pour réduire la consommation d'énergie pendant les mois d'hiver.

L'énergie propre est la solution à long terme

Aujourd’hui, la sécurité énergétique est certainement au centre des agendas gouvernementaux, accompagnant la prise de conscience croissante que la transition vers une énergie propre peut être bénéfique pour la stabilité de l'approvisionnement, ainsi que pour la planète.

Cette prise de conscience est soutenue par des politiques et des fonds. Aux États-Unis, l'Inflation Reduction Act (IRA) est un ensemble de mesures de 370 milliards de dollars visant à promouvoir les projets et la fabrication d'énergies renouvelables. Son objectif est de créer 100 000 emplois supplémentaires dans le secteur de l'énergie propre.

L'IRA a fortement incité l'UE à mettre en place des incitations financières similaires pour ne pas risquer de perdre des investissements au profit des États-Unis. Le Plan industriel du Pacte vert européen, annoncé en janvier, vise à renforcer la capacité de production de l'Europe pour les énergies renouvelables et les autres technologies d'énergie propre avec environ 250 milliards d'euros de soutien financier. L'objectif à long terme de l'Europe est de devenir le premier continent neutre en carbone d'ici 2050.

Ces programmes sont-ils suffisants ?

À eux seuls, non. Mais ils indiquent une avancée sur le long chemin vers l'atteinte de la neutralité carbone d'ici 2050, incitée en partie par la guerre en Ukraine et les craintes en matière de sécurité énergétique à long terme.

L'énergie propre : un long chemin à parcourir

Tous ces éléments montrent que la crise actuelle contribue à changer les perspectives en matière de sécurité énergétique et de transition vers une énergie propre.

Bien sûr, il reste un très long chemin à parcourir. Les émissions mondiales de CO2 sont élevées. Atteindre la neutralité carbone exigera un effort considérable et des investissements massifs.

Mais la guerre de la Russie et le choc qu'elle a causé aux marchés énergétiques mondiaux ont au moins permis de mettre en relief le défi à venir. Ensemble, la sécurité énergétique et le changement climatique font un argument convaincant pour l'action.

Pour en savoir plus sur l'analyse approfondie de la crise énergétique, consultez notre étude sur les perspectives énergétiques : La crise énergétique favorise la transition verte