Pour de nombreuses entreprises métallurgiques italiennes, la demande et les marges bénéficiaires devraient se détériorer davantage dans les prochains mois, un rebond modéré étant prévu fin 2020.
- Détérioration continue de la demande et des marges
- Hausse prévue des retards de paiement et des insolvabilités
- Les paiements prennent 105 jours en moyenne
Après trois années d’environnement de marché positif entre 2016 et 2018, la conjoncture économique du secteur italien de l’acier et des métaux a commencé à se détériorer. La demande de produits en métal et en acier a diminué, principalement en raison du ralentissement de l’industrie automobile et des difficultés persistantes dans le secteur de la construction nationale. Dans le même temps, le ralentissement de l’activité manufacturière dans l’UE et la faiblesse des investissements en raison de risques de dégradation importants (p. ex.: Brexit, litiges commerciaux) entravent indirectement la performance des entreprises métallurgiques et sidérurgiques axées sur l’exportation.
Un autre problème est l’augmentation des importations d’acier dans l’UE en provenance de producteurs d’outre-mer, provoquée par les droits d’importation en vigueur aux États-Unis. Jusqu’à présent, les producteurs d’acier ont jugé insuffisantes les mesures de sauvegarde introduites par la Commission européenne. Un ‘ajustement carbone frontalier’ a récemment été proposé pour rétablir une concurrence commerciale plus équitable avec les producteurs de pays dotés de lois environnementales moins strictes.
En raison des difficultés croissantes, la production nationale italienne d’acier brut a diminué de 4,5% entre janvier et août 2019 comparé à l’année précédente, et la croissance de la valeur ajoutée du secteur du fer et de l’acier devrait se contracter d’environ 4% cette année, alors que les prix de l’acier ont connu une baisse constante depuis le quatrième trimestre de 2018.
Pour de nombreuses entreprises métallurgiques et sidérurgiques italiennes, la demande et les marges bénéficiaires devraient se détériorer davantage au cours des prochains mois, un rebond modéré étant prévu au plus tôt pour le second semestre de 2020. Bien que l’expérience des paiements ait été bonne au cours des deux dernières années et que le nombre d’insolvabilités n’ait pas augmenté, on prévoit une hausse (d’environ 4%) des retards de paiement et des faillites d’entreprises au quatrième trimestre de 2019 et au premier semestre de 2020. Les entreprises métallurgiques et sidérurgiques opérant sur le marché intérieur restent affectées par la lenteur des paiements de leurs clients, la durée moyenne de paiement étant de 105 jours, ce qui alourdit leurs flux de trésorerie.
Tenant compte à la fois de la solide performance des deux dernières années et des problèmes actuels, notre politique de couverture reste généralement ouverte, voire neutre, en fonction de la performance des sous-secteurs et de leurs principaux acheteurs. Nous sommes plus ouverts aux producteurs de métal et d’acier et aux entreprises axées sur l’exportation, tandis que nous recommandons de porter une attention particulière aux distributeurs de métal et d’acier et aux centres de service dépendant du secteur automobile et de la construction. Nombre de ces acteurs sont des petites et moyennes entreprises ayant des marges maigres et étant fortement endettées.
Nous suivons de près l’actualité concernant l’avenir de l’aciérie d’Ilva. Une forte réduction de la production, voire la fermeture de l’usine, affecterait gravement la production italienne d’acier (la production d’Ilva représente 1,4% du PIB italien). Dans un tel cas, les distributeurs d’acier italiens et les centres de services devraient acheter de l’acier brut à l’étranger, ce qui entraînerait des coûts plus élevés et des délais de paiement plus courts. Cela provoquerait finalement une pression supplémentaire sur les marges (déjà serrées) et le fonds de roulement des acheteurs d’acier italiens.
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