La crise énergétique accélère la transition verte
L'invasion de l'Ukraine par la Russie a non seulement provoqué des perturbations sur les marchés de l'énergie, mais elle a également accéléré le passage aux énergies propres. Voici un aperçu de la situation actuelle et de l'impact à long terme.
1. La crise énergétique : un catalyseur pour la transition verte
Bien que la crise énergétique ait d'abord entraîné une hausse de l'utilisation des combustibles fossiles, elle sert également à accélérer la transition vers des sources d'énergie plus propres. À court terme, les combustibles fossiles sont davantage utilisés, tandis qu'à long terme, l'inverse devrait se produire. Les prix plus élevés de l'énergie et la nécessité de garantir la sécurité énergétique poussent les pays, en particulier en Europe, à adopter plus rapidement les énergies renouvelables tout en réduisant leur dépendance aux combustibles fossiles, notamment le gaz.
Les projections basées sur le scénario de politiques annoncées (APS) de l'Agence Internationale de l'Énergie (AIE) montrent des prix de combustibles fossiles plus élevés et une demande mondiale d'énergie plus faible et plus propre d'ici 2050. Dans ce scénario, l'augmentation de la température est limitée à 1,7 °C. Pour atteindre la neutralité carbone d'ici 2050, des efforts et des investissements considérables sont nécessaires, en particulier dans le cadre du scénario Net Zéro Émissions (NZE), où les émissions nettes de CO2 sont nulles et l'augmentation de la température est limitée à 1,5 °C.
2. Perspectives des énergies renouvelables
La crise énergétique stimule fortement l'adoption des énergies renouvelables. Les préoccupations croissantes en matière de sécurité énergétique, notamment en Europe, accélèrent la transition énergétique. Les engagements climatiques mondiaux soutiennent la forte croissance de ces énergies. Les États-Unis et l'Union Européenne sont les principaux acteurs de cette dynamique, avec des initiatives telles que l'Inflation Reduction Act et la stratégie REPowerEU.
La Chine domine la capacité installée en énergie éolienne et solaire, et devrait être le plus grand ajoutant de capacités à moyen et long terme. L'Inde et les États-Unis suivront, principalement pour les capacités solaires.
Actuellement, environ 28% de l'électricité mondiale est produite par des sources renouvelables, l'hydroélectricité étant la plus importante (15%), suivie de l'énergie éolienne (7%) et solaire (4%). La demande d'électricité devrait augmenter considérablement dans les scénarios APS et NZE. Cette croissance sera entièrement satisfaite par les énergies renouvelables, avec une dominance du solaire. En 2050, les énergies renouvelables devraient représenter 80% de l'électricité mondiale, voire 88% dans le scénario NZE.
3. Perspectives du marché pétrolier
Dans le scénario de référence, la demande de pétrole atteindra son pic plus tôt que prévu, au milieu des années 2020. Les politiques de transition énergétique plus fermes, notamment en Europe et en Amérique du Nord, sont les principaux moteurs de cette tendance. Le prix du pétrole devrait donc baisser à 64 dollars par baril d'ici 2030 et à 60 dollars d'ici 2050. Cependant, cette baisse pourrait être soumise à des variations importantes à court terme, en fonction de l'évolution de la guerre en Ukraine et de la reprise de la demande chinoise.
Dans le scénario de l'objectif zéro émission nette, la demande de pétrole ne retrouvera jamais ses niveaux d'avant-crise. La production sera concentrée dans les pays riches en ressources et à faibles coûts d'exploitation, et la part de marché de l'OPEP augmentera à 52%. Le prix du pétrole pourrait alors descendre à 24 dollars le baril d'ici 2050.
4. Perspectives du marché du gaz
La demande mondiale de gaz devrait bientôt atteindre son pic, avant de chuter de 8% en 2030 par rapport à 2021 et de 40% en 2050. L'Asie et le Moyen-Orient devraient connaître une croissance de la demande jusqu'en 2030, après quoi elle commencera à décliner.
Bien que l'offre de gaz soit en diminution, la Russie restera le principal fournisseur de gaz d'ici 2050, mais son rôle dans le commerce international du gaz diminuera fortement. En Europe, la dépendance au gaz russe diminue, avec un recours accru au GNL, ce qui rend les prix plus élevés et volatils.