Transition vers les énergies propres : agroalimentaire

 

 

Une récente déclaration commune des syndicats agricoles du Royaume-Uni peut être appliquée aux entreprises agroalimentaires du monde entier. Ils ont déclaré : "Notre industrie fournit de la nourriture, stocke du carbone et génère de l'énergie renouvelable, mais l'agriculture est également en première ligne des impacts du changement climatique, étant particulièrement vulnérable aux événements météorologiques extrêmes." En effet, les agriculteurs du monde entier possèdent ou hébergent une part importante de la production mondiale d'énergie solaire et éolienne, ainsi que de la capacité de digestion anaérobie.

Cependant, le système alimentaire mondial contribue également au réchauffement climatique et est la principale source de méthane et de perte de biodiversité. Trouver un équilibre entre les engagements de neutralité carbone et la nécessité de nourrir le monde est un défi auquel est confrontée toute l'industrie. La transition vers les énergies propres est un élément clé.

Que peuvent nous dire nos souscripteurs sur les transitions énergétiques propres dans l'industrie agroalimentaire ?

Lors de l'événement "Transition vers les énergies propres : une nouvelle voie pour le commerce mondial ?", Dimitri Pelckmans (Responsable des risques chez Atradius Belgique et Luxembourg) a souligné les risques environnementaux liés au changement climatique et a déclaré : "Ne rien faire n'est pas une option”.

Nos experts de l'industrie agroalimentaire ont néanmoins souligné les nombreux défis auxquels l'industrie est actuellement confrontée.

Ils ont en particulier noté la tension entre le coût de la transition vers les énergies propres et la production d'aliments nutritifs abordables et accessibles pour les consommateurs.

Quels sont les défis les plus urgents pour le secteur au cours des trois prochaines années ?

1) Coût de la transition vers les énergies propres

Nos équipes des risques en Chine et en France ont rappelé comment les coûts peuvent avoir un effet disproportionné sur les petits producteurs, dont beaucoup ne peuvent pas obtenir le financement nécessaire pour investir dans les énergies propres ou les pratiques agricoles durables. De nombreux marchés ont noté comment les coûts croissants étaient répercutés sur les consommateurs, tandis que notre équipe au Danemark a expliqué que cela peut également être un défi pour les producteurs alimentaires lorsque les consommateurs ont moins de revenu disponible et réduisent leurs dépenses.

2) Problèmes de chaîne d'approvisionnement

Bien que la pandémie ait exacerbé les problèmes de chaînes d'approvisionnement dans tous les secteurs, la logistique reste un défi pour l'agroalimentaire. La guerre en Ukraine a causé des problèmes pour les producteurs alimentaires dépendant des céréales et d'autres aliments cultivés en Ukraine, ainsi que pour le commerce avec les entreprises agrochimiques en Russie, et pour les entreprises dépendantes du gaz russe. L'empreinte carbone générée par les importations et les exportations alimentaires est également une préoccupation pour de nombreux acteurs.

3) Volonté de changement

Plusieurs de nos experts, notamment en Espagne, en Australie et en Pologne, ont souligné l'importance de la volonté de changement des consommateurs dans le domaine agroalimentaire.

Dans les pays occidentaux, le véganisme connaît une explosion de popularité, principalement motivée par les consommateurs cherchant à réduire leur empreinte carbone. Cependant, ce n'est pas une tendance mondiale. En Chine, par exemple, on observe une augmentation de la consommation de viande. Les problèmes liés à la disponibilité de sources d'énergie propres ont également été relevés par les experts dans la majorité des marchés.

Quelles sont les principales opportunités pour le secteur au cours des trois prochaines années ?

1) Investissement dans la transition vers les énergies propres

Bien que le coût de la transition vers les énergies propres ait été identifié par la majorité de nos experts comme un défi majeur pour l'industrie, ils ont souligné que l'investissement dans cette transition présente également une opportunité. En effet, plusieurs de nos experts de l'industrie ont fait remarquer que les premiers investisseurs commencent déjà à réaliser des avantages en termes de parts de marché et de compétitivité.

2) Innovation dans les processus agroalimentaires

Les innovations offrent des opportunités aux entreprises agroalimentaires, notamment à mesure que les marchés recherchent de plus en plus des approches durables de la production alimentaire. Les opportunités présentées par une meilleure efficacité dans l'utilisation des ressources ont été mises en avant par nos experts en Espagne et aux États-Unis. La Belgique a souligné comment des approches telles que la séquestration du carbone dans le sol (comme on peut le voir dans l'agriculture régénératrice) offrent également des opportunités pour le secteur. Cela a été confirmé par nos experts aux États-Unis et en Espagne, qui ont souligné les opportunités créées par des approches améliorées en matière de durabilité alimentaire et de bien-être animal.

3) Soutien des gouvernements nationaux et locaux

L'importance du rôle des pouvoirs publics au niveau national et local a été soulignée par nos experts dans la plupart des régions. Les investissements locaux dans les énergies renouvelables et les avantages fiscaux pour les industries agroalimentaires peuvent générer des opportunités de croissance durable. Cela a été reconnu par nos experts du marché en Australie, en Chine, en Thaïlande et en France.

Et ensuite ?

Le paysage agroalimentaire est en train de changer. Les agriculteurs et les producteurs alimentaires sont chargés de produire plus de nourriture que jamais pour nourrir la population mondiale croissante, tout en agissant également en tant que gardiens de l'environnement. La réduction des déchets et l'amélioration de l'efficacité joueront un rôle central dans cette évolution et présenteront également une opportunité de croissance à part entière. Par exemple, Forbes estime que les dépenses consacrées aux technologies et solutions d'intelligence artificielle dans l'agriculture passeront de 1 milliard de dollars en 2020 à 4 milliards de dollars en 2026.

Cependant, les agriculteurs doivent également cultiver des terres en faisant face à des risques accrus de sécheresse, d'incendies et d'inondations. Réduire ces risques exigera un effort mondial visant à réduire les émissions de gaz à effet de serre et à améliorer la sécurité alimentaire.