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Paris in autumn

Le budget de la France va-t-il peser sur l'UE ?

Le blocage politique et la hausse de la dette en France risquent de compromettre la stabilité de la zone euro et la confiance des entreprises
9 Oct 2025
2 mins

Une paralysie politique avec des impacts importants sur l'économie.

La paralysie politique en France et l’augmentation de la dette publique alimente des risques économiques dont les impacts pourraient se faire sentir bien au-delà des frontières françaises.

Le paysage politique français est entré dans une nouvelle phase d’incertitude après la démission soudaine du Premier ministre Sébastien Lecornu, le troisième en moins d’un an. Sébastien Lecornu est ainsi devenu le Premier ministre le plus éphémère de la Ve République. Son départ souligne les difficultés croissantes à gouverner un pays confronté à des divisions parlementaires profondes, à une agitation sociale persistante et au poids de sa dette de plus en plus lourd.

Sébastien Lecornu faisait face à une législature fragmentée et à une économie sous pression, avec un déficit budgétaire parmi les plus élevés de l’Union européenne. Comme ses prédécesseurs, il avait pour mission quasi impossible de faire adopter un budget capable de restaurer la crédibilité fiscale. Son court mandat n’a fait que renforcer le sentiment de paralysie institutionnelle.

Avec sa démission, l’impasse politique s’est intensifiée. Son mandat a été marqué par une pression croissante pour faire adopter un budget malgré une opposition généralisée et des troubles sociaux. Les gouvernements successifs peinent à concilier discipline budgétaire et faisabilité politique.

Cette situation érode la confiance des entreprises et freine les investissements, tant en France qu’au sein de l’Union européenne. En tant que deuxième économie du bloc, l’instabilité française risque d’affaiblir la position collective de l’UE dans un contexte mondial fragilisé. Une économie française au ralenti pourrait réduire la demande d’importations et alimenter les appels au protectionnisme, compromettant les efforts de l’UE pour conclure de nouveaux accords commerciaux.

« Cette situation est préoccupante non seulement pour la France mais aussi pour l’ensemble de l’UE », déclare Christian Bürger, Senior Advisor chez Atradius. Il ajoute : « Dans un environnement mondial marqué par les tensions commerciales et la polarisation géopolitique, l’impasse et les divisions dans la deuxième économie de l’Union européenne inquiète. »

Face à l'instabilité politique, les entreprises et les ménages sont attentistes.

L’instabilité politique continue de peser sur les perspectives économiques de la France. Si la chute du gouvernement de François Bayrou avait déjà été absorbée par les marchés, la démission soudaine de Sébastien Lecornu pose la question de l’orientation budgétaire.

À ce jour, Atradius maintient sa prévision de croissance du PIB à 0,6 % pour 2025, suivie de 0,7 % en 2026. Toutefois, les investissements des entreprises devraient diminuer au second semestre 2025, parallèlement à une baisse de la demande intérieure.

« L’activité économique est ralentie, les entreprises étant confrontée à un environnement incertain adoptent une attitude attentiste en matière d’investissement et d’embauche », explique Christophe Cherry, directeur régional d’Atradius France, Belgique et Luxembourg.

« Les ménages n’ont jamais autant épargné. Entreprises et ménages attendent de voir quelle direction prendra le nouveau gouvernement. »

« Les secteurs les plus fragilisés sont en particulier l’automobile et la construction », ajoute Christophe Cherry. « La France reste la première puissance agricole de l’UE, même si la concurrence mondiale croissante, les tensions commerciales et les perturbations géopolitiques mettent les entreprises agroalimentaires sous pression. »

Une stabilisation des défaillances à l'horizon.

Dans ce contexte chahuté, on note que les entreprises résistent et s’organisent pour rebondir. Notre dernière étude sur les défaillances, indique une légère amélioration, avec un ajustement progressif vers les niveaux d’avant Covid, courant second semestre 2025.

La dette publique restera élevée plus longtemps.

La proposition de François Bayrou de réduire les dépenses publiques de 44 milliards d’euros a suscité une vive opposition et entraîné la chute de son gouvernement. Le départ de Sébastien Lecornu a marqué un arrêt dans la tentative de consolidation budgétaire avant 2027.

« La dette publique restera élevée plus longtemps », affirme John Lorié, économiste en chef chez Atradius. « L’agence de notation Fitch a récemment dégradé la note de la dette française, ce qui rendra les emprunts de l’État encore plus coûteux. Lorsque le gouvernement sera enfin suffisamment stable pour s’attaquer sérieusement au déficit budgétaire, il devra prendre des mesures drastiques pour réduire la dette. »

Nous prévoyons un déficit budgétaire annuel d’environ 5,7 % en 2025, soit plus du double de celui prévu pour l’Allemagne. Les chiffres publiés la semaine dernière indiquent une dette publique de 3 400 milliards d’euros, soit près de 114 % du PIB. Ce niveau de dette rend la France vulnérable aux chocs économiques et augmente le risque d’instabilité financière plus large.

Un risque de contagieu peu probable.

Une dette publique très élevée constitue un risque tant pour la France que pour l’étranger avec des conséquences sur les institutions financières et l’économie de la zone euro.

La démission de Sébastien Lecornu a entraîné une réévaluation par les investisseurs de la capacité du pays à restaurer la discipline budgétaire. L’écart croissant entre les obligations françaises et allemandes reflète l’inquiétude croissante du marché face à la situation politique française et ses implications sur la dette à long terme.

La France paie désormais un taux d’intérêt plus élevé sur ses obligations à 10 ans que le Portugal, l’Espagne et la Grèce. L’augmentation de la dette dans l’UE pourrait faire grimper les coûts d’emprunt dans tout le bloc européen et affaiblir l’euro. Les économistes s’accordent à dire toutefois que le risque de contagion reste improbable compte tenu des mesures mises en place par la Banque Centrale européenne.

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Summary
  • La démission de Lecornu aggrave la situation politique et fiscale de la France
  • Les niveaux élevés de déficit et d’endettement continuent de peser sur la confiance des marchés
  • Le risque de contagion existe mais reste peu probable dans les conditions actuelles
  • Les forces structurelles de la France aident à amortir l’impact de l’instabilité
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