
Croissance mondiale : prévisions en baisse
La croissance mondiale devrait rester atone, à 2,4 % en 2025 comme en 2026, marquant une révision à la baisse pour l’ensemble des grands marchés.
Au cours des premiers mois de la nouvelle administration américaine, une succession rapide de droits de douane a été instaurée, avec un point culminant lors de la « Journée de la libération » le 2 avril. Depuis, de nombreux changements politiques et une incertitude persistante ont contribué à la volatilité financière, une moindre confiance dans les institutions américaines et à une dégradation des perspectives pour le commerce mondial.
Droits de douane : un effet inflationniste limité jusqu’à présent
Jusqu’à présent, l’impact inflationniste des droits de douane reste limité, même pour les États-Unis.
Selon l’analyse classique, l’application de droits de douane entraîne une hausse de l’inflation via l’augmentation des prix à l’importation qui finit par être répercutée sur les consommateurs. Toutefois, cet effet demeure modéré pour plusieurs raisons : la structure actuelle des tarifs américains est encore limitée en ampleur et en portée ; par ailleurs, les droits de douane pèsent directement sur l’activité économique, mais alimentent aussi l’incertitude, ce qui freine la demande et compense une partie des pressions sur les prix. La transmission de ces effets tarifaires sur les prix s’étale également dans le temps.
Nous anticipons toutefois une reprise de l’inflation aux États-Unis d’ici la fin de l’année.
Commerce mondial : fort ralentissement attendu
Nous anticipons une nette décélération de la croissance du commerce mondial cette année, autour de 1 %, en raison de l’escalade tarifaire et du climat politique incertain.
Malgré la robustesse du commerce lors du premier trimestre 2025 grâce à l’anticipation des commandes à l’export, une contraction est attendue sur le reste de l’année. La croissance des échanges sera particulièrement faible aux États-Unis, au Canada et au Mexique, et dans une moindre mesure en Europe et en Chine. Pour 2026, une reprise modérée du commerce mondial est attendue, autour de 2 %, à mesure que les économies s’ajustent au choc tarifaire.
Économies avancées : une croissance très modérée
La croissance des économies avancées devrait demeurer modeste, à 1,3 % en 2025 et 2026.
Il s’agit d’une révision à la baisse par rapport aux prévisions antérieures, essentiellement pour 2026, car la reprise américaine est moins marquée que prévu. L’instabilité des politiques commerciales et domestiques a érodé la confiance dans l’économie américaine, ce qui a conduit à des corrections significatives sur les perspectives pour 2025 et 2026. La zone euro connaît quant à elle une révision à la baisse plus limitée. Les indicateurs conjoncturels révèlent une expansion lente mais régulière, portée principalement par la demande intérieure. La soutenabilité de la dette est une préoccupation majeure dans de nombreux pays développés, avec des niveaux d’endettement élevés aux États-Unis, au Japon et dans plusieurs économies de la zone euro, ainsi que des déficits et des coûts de financement toujours conséquents.
Marchés émergents : perspectives meilleures mais modestes
Les perspectives sont en moyenne plus favorables pour les économies de marché émergentes, tout en restant faibles selon les standards historiques.
Nous tablons sur une croissance de 3,8 % en 2025 et 3,6 % en 2026 pour l’ensemble des marchés émergents. Beaucoup d’entre eux, notamment ceux qui entretiennent des relations commerciales étroites avec les États-Unis (Mexique, Chine…), sont directement exposés à la volatilité commerciale américaine. Indirectement, ils subissent aussi la hausse des coûts d’emprunt, la volatilité financière et la dépréciation de leur monnaie. L’incertitude mondiale pèse enfin sur les flux d’investissement internationaux.
Escalade des tensions commerciales : un risque majeur pour 2026
Une ré-escalade des tensions commerciales à des niveaux comparables à ceux d’avril pourrait quasiment paralyser l’économie mondiale en 2026.
Les prévisions présentées dans cette analyse reposent sur l’hypothèse d’une guerre commerciale limitée entre les États-Unis et leurs partenaires. Un scénario défavorable impliquant une intensification des tarifs américains, des représailles accentuées de la part des partenaires commerciaux et de fortes perturbations des chaînes d’approvisionnement aurait un impact bien plus marqué sur le PIB américain, et des conséquences similaires pour la Chine, l’Union européenne et les autres pays concernés.
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