
Automobile mondiale : perturbation des chaînes d’approvisionnement et hausse des coûts liée aux droits de douane
Nous prévoyons une contraction de la production mondiale de véhicules et de pièces détachées de 1,7 % en 2025 et de 2,1 % en 2026, sous l’effet des droits de douane américains qui touchent le secteur. Les droits de douane visant les importations automobiles perturberont les chaînes d’approvisionnement régionales et mondiales, entraînant une hausse des coûts des composants et matériaux importés.
Les conséquences seront négatives pour les producteurs et fournisseurs, aux États-Unis comme à l’international. En 2024, le Japon, la Corée du Sud et l’Allemagne étaient les principaux fournisseurs automobiles des États-Unis après le Mexique et le Canada, tant pour les véhicules finis que pour les pièces détachées.
Parmi les différentes régions, le ralentissement de la production en 2025 sera le plus marqué en Amérique du Nord (-5,8 %). Les importations mexicaines et canadiennes représentent respectivement 15 % et 8 % des ventes de véhicules aux États-Unis, ce qui laisse présager une augmentation significative du prix moyen des véhicules.
Nous prévoyons que les ventes mondiales de véhicules hybrides et électriques représenteront 59 % des ventes mondiales de véhicules légers d’ici 2030, contre 10 % en 2020. En Europe, la transition vers l’électrification va s’accélérer dans les prochaines années. En Chine, la dynamique de transition vers les véhicules électriques reste très forte.
États-Unis : Baisse de la production et hausse des prix due aux droits de douane
Nous anticipons une contraction de la production de véhicules aux États-Unis de 5,0 % en 2025. Le secteur automobile américain dépend de chaînes d’approvisionnement intégrées à l’échelle régionale et mondiale, de nombreux composants traversant plusieurs frontières avant l’assemblage final. Les perturbations liées aux droits de douane augmentent les coûts de production, réduisent l’efficacité des chaînes d’approvisionnement et nuisent à la compétitivité du secteur à long terme. Nous prévoyons une augmentation du risque de crédit tout au long de la chaîne de valeur, en particulier chez les fournisseurs.
En moyenne, le droit de douane s’applique à près d’un tiers du prix d’un véhicule. La hausse du coût des composants entraînera une augmentation du coût de production par véhicule, qui sera probablement répercutée sur les consommateurs. Les constructeurs américains devraient également augmenter leurs prix face à la diminution de la concurrence étrangère. Cette hausse des prix pèsera sur la demande, tant pour les véhicules importés que pour ceux produits localement. Par ailleurs, la croissance économique plus faible et la baisse de la confiance des consommateurs aux États-Unis devraient également freiner la demande pour les biens durables, tels que les automobiles.
Plusieurs constructeurs automobiles étrangers ont annoncé des projets d’investissement dans la production aux États-Unis. De tels investissements sont généralement planifiés plusieurs années à l’avance et soutenus par un environnement politique stable. Nous pensons que l’incertitude entourant la politique tarifaire observée ces derniers mois pourrait amener certains producteurs à retarder leurs décisions d’investissement.
Canada et Mexique : Forte baisse de la production automobile
L’introduction de droits de douane à l’importation et de barrières réglementaires aux États-Unis entraînera une hausse des coûts de production, un allongement des délais d’approvisionnement, ainsi qu’une diminution de la production et de la demande.
Nous prévoyons une contraction de la production de véhicules et de pièces détachées de 6,1 % au Canada et de 8,4 % au Mexique en 2025. Si certains fabricants et fournisseurs pourraient chercher à relocaliser leurs opérations aux États-Unis pour contourner les droits de douane, cela ne sera pas possible pour l’ensemble du secteur.
Chine : Ralentissement en 2025 après deux années de forte croissance
Après une forte croissance en 2023 et 2024, nous anticipons une contraction de la production automobile chinoise de 2,3 % en 2025. Le ralentissement de la croissance économique et la baisse de la confiance des consommateurs pèseront sur les ventes de voitures dans les mois à venir. Toutefois, des mesures de relance, telles que l’augmentation des incitations à la mise au rebut, soutiennent le secteur.
En raison du faible volume d’exportations de voitures vers les États-Unis, le secteur est relativement peu affecté par les droits de douane américains sur les importations automobiles. Les droits de douane imposés par l’UE sur les véhicules électriques chinois (allant de 17,8 % à 45,3 %) freinent toutefois l’expansion rapide de la Chine sur le marché européen.
Le gouvernement maintient un fort soutien à l’adoption des véhicules électriques, notamment via des subventions aux consommateurs et des investissements dans les infrastructures de recharge. D’ici 2030, les véhicules électriques devraient représenter 65 % des ventes de voitures neuves en Chine, tandis que les véhicules thermiques tomberaient à 27 %.
L’essor du marché des véhicules électriques a attiré de nombreux nouveaux acteurs, générant une concurrence féroce et des guerres de prix, ce qui met sous pression les marges des producteurs et des fournisseurs. De nombreuses petites entreprises privées du segment des véhicules électriques n’atteignent pas encore le seuil de rentabilité en raison de coûts d’entrée élevés et dépendent fortement de financements externes. Sans flux de capitaux continus, ces entreprises pourraient rapidement faire faillite.
Japon et Corée du Sud : Fortement impactés par les droits de douane américains
Les États-Unis constituent le principal marché d’exportation automobile pour le Japon et la Corée du Sud, rendant ces deux pays particulièrement vulnérables aux droits de douane de 25 %. Les exportations automobiles vers les États-Unis représentent 6 % du total des exportations de chaque pays.
Par rapport aux prévisions de mars 2025, la production automobile devrait diminuer de 5,6 points de pourcentage au Japon et de 5,3 points en Corée du Sud sur la période 2025-2026.
Europe : Risque de crédit accru pour les petits et moyens fournisseurs
Après une baisse de 5,1 % l’an dernier, nous prévoyons une nouvelle contraction de la production automobile dans l’UE et au Royaume-Uni de 3,7 % en 2025. La performance économique en Europe reste atone et les achats de véhicules neufs devraient rester faibles dans les prochains mois, les consommateurs reportant leurs dépenses importantes. Pour 2026, un léger rebond de 0,4 % est attendu.
Nous observons des marges serrées, ainsi qu’une augmentation des retards de paiement et des défaillances dans les principaux marchés comme l’Allemagne, l’Italie et le Royaume-Uni. Par ailleurs, la transition vers l’abandon des moteurs thermiques commence à transformer la structure concurrentielle du secteur.
Les États-Unis sont la première destination des exportations de voitures fabriquées dans l’UE, ce qui rend l’industrie particulièrement vulnérable aux droits de douane. La combinaison d’une demande d’exportation réduite, de coûts d’entrée plus élevés et de marges bénéficiaires en baisse nuirait gravement à la compétitivité des industries automobiles allemande et d’Europe centrale et orientale, déjà sous pression. Rediriger les exportations vers d’autres marchés ne constitue, au mieux, qu’une solution partielle.
Les droits de douane punitifs sur les importations de véhicules électriques chinois pourraient ralentir l’essor des importations chinoises, offrant ainsi aux producteurs européens une fenêtre pour lancer une nouvelle génération de véhicules plus compétitifs. Cependant, les constructeurs chinois pourraient aussi accélérer leurs projets de localisation de la production en Europe.
- La production mondiale de véhicules et de pièces détachées devrait se contracter de 1,7 % en 2025 et de 2,1 % en 2026, sous l’effet des droits de douane américains qui touchent le secteur.
- Ces droits de douane perturberont les chaînes d’approvisionnement, entraînant une hausse des coûts des composants et matériaux importés.
- Parmi les différentes régions, le ralentissement de la production en 2025 sera le plus marqué en Amérique du Nord (-5,8 %).