Market Monitor Agroalimentaire Irlande 2016

Market Monitor

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  • Food

02 déc. 2016

Les exportateurs vers le Royaume-Uni souffrent déjà d’une baisse de leurs marges due à la dépréciation de la livre sterling dans le sillage du Brexit.

  • Le Brexit a accru les risques dans ce secteur
  • Les perspectives de croissance sur les marchés étrangers restent bonnes
  • Délais de paiement: 30 à 60 jours en moyenne

 

Tiré par les exportations, le secteur agroalimentaire irlandais est le plus gros employeur du pays: 50.000 personnes y sont employées directement, et 180.000 indirectement dans des activités connexes d’agriculture et de sous-traitance. L’Irlande, qui est toujours le premier exportateur net d’ingrédients laitiers, de bœuf et d’agneau de l’UE, a enregistré une demande croissante de ses produits en 2014 et 2015. Le pays, premier exportateur européen de lait en poudre pour nourrissons, fournit actuellement 15% du total de la production. Au plan domestique, le secteur tire profit du rebond de l’économie irlandaise et de la confiance grandissante des consommateurs.

 

Les exportations irlandaises de produits alimentaires, qui se sont élevées à 10,8 milliards d’euros en 2015, devraient continuer à augmenter pour atteindre 12 milliards d’euros d’ici 2020. Plusieurs économies émergentes dans le monde connaissent actuellement des changements culturels qui les font abandonner les régimes riches en amidon alimentaire au profit de régimes à base de protéines, ce qui stimule davantage encore la demande mondiale de produits alimentaires irlandais.

 

Toutefois, le secteur agroalimentaire irlandais dépend très fortement du marché britannique, qui représente 40% des exportations de produits alimentaires. Les exportateurs vers le Royaume-Uni souffrent donc déjà d’une baisse de leurs marges due à la dépréciation de la livre sterling dans le sillage du Brexit. Le secteur va être de plus en plus exposé à la volatilité de la monnaie et à tout risque lié à la décision du Royaume-Uni de quitter l’UE.

 

Les producteurs irlandais de champignons, qui exportent 80% de leur production vers le Royaume-Uni, ont déjà ressenti l’incidence négative de la baisse de la livre suite au vote en faveur du Brexit en juin 2016. Comme beaucoup de contrats à terme avec des détaillants britanniques avaient été négociés en livres sterling fin 2015, la dépréciation de la livre au 2e trimestre 2016 a entraîné des pertes importantes pour de nombreuses entreprises, certaines étant même contraintes de mettre la clé sous la porte.

 

Pour le sous-secteur irlandais des produits laitiers, la récente abolition des quotas laitiers de l’UE et la chute brutale des prix du lait se sont traduites par une baisse des marges de rentabilité à court terme et des retards dans les programmes de dépenses en capital. Cependant, à long terme l’absence de quotas devrait offrir aux entreprises laitières irlandaises de nouvelles opportunités d’affaires.

 

Les délais de paiement dans le secteur agroalimentaire vont de 30 à 60 jours, en fonction du sous-secteur et du segment du client. Le comportement de paiement dans le secteur a été très bon au cours des 12 derniers mois. Le nombre de paiements en retard, d’impayés et de faillites est encore très faible, mais une augmentation ne peut être exclue dans les prochains mois, car les risques de déclin des exportations irlandaises de produits alimentaires vers le Royaume-Uni vont augmenter à l’avenir.

 

Le secteur souffre encore de l’insuffisance des investissements qui a sévi pendant les années de récession. Les banques sont toujours frileuses s’agissant d’accorder des prêts aux entreprises du secteur, mais la situation est en voie d’amélioration. Cela étant dit, les banques irlandaises restent plutôt prudentes et l’accès au crédit peut représenter un problème pour les petites entreprises alimentaires.

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