Le secteur a fortement pâti de la défaillance de quelques grands acteurs et s’est ainsi vu confronté à l’une des périodes les plus difficiles depuis le début de la crise économique en 2008.
Market Monitor Construction Italy 2020 overview
En 2019, les investissements dans le secteur de la construction ont augmenté de 1,7 % en glissement annuel pour s’établir à 130 billions d’euros, d’après les chiffres de l’association nationale des entrepreneurs de la construction (ANCE). Néanmoins, le secteur a fortement pâti de la défaillance de quelques grands acteurs et s’est ainsi vu confronté à l’une des périodes les plus difficiles depuis le début de la crise économique en 2008. Les perspectives pour 2020 demeurent incertaines sur fond de faiblesse confirmée de la croissance (prévue à un modeste 0,3 % en 2020) et d’incertitudes politiques persistantes.
Les investissements dans le résidentiel ont augmenté de 5,4 % en 2019 et la rénovation a enregistré une hausse de 0,7 % grâce aux incentives fiscaux. Le nombre de permis de construire de logements neufs a toutefois baissé au quatrième trimestre de 2019, indiquant un ralentissement de la croissance en 2020. L’année dernière, le prix de vente moyen des maisons a baissé de plus de 15 % en glissement annuel.
Les investissements dans le bâti commercial se sont accrus de 2,5 % en 2019, mais les entreprises seront plus réticentes à investir en 2020 sous l’effet de la faible conjoncture économique actuelle. Les investissements dans la construction publique ont augmenté de 2,9 % en 2019 après des baisses annuelles depuis 2016. Cette reprise n’est toutefois pas suffisante pour équilibrer l’énorme recul des investissements – de 51 % – qui a marqué la période de 2007 à 2019. Les incertitudes au sujet des investissements publics et du soutien politique aux futurs projets, associées aux fréquents retards dans les dépenses publiques, font planer le doute sur les prévisions d’une croissance accrue en 2020.
Il a été annoncé que les marchés publics devraient augmenter de 39 % en glissement annuel pour s’établir à 40 billions d’euros en 2020, augmentation principalement tirée par les projets de construction des municipalités. Mais sans doute faudra-t-il attendre des années avant le lancement des travaux, vu les exigences complexes en matière de conformité juridique et les dépenses souvent retardées par les principaux cédants publics que sont l’ANAS (voirie, ponts, tunnels) et le RFI (infrastructures ferroviaires).
Des difficultés financières majeures pour de nombreuses entreprises
Les conditions de prêt serrées fixées par les banques restent l’un des principaux problèmes du secteur, exacerbant le fait que nombre d’entreprises de construction italiennes sont fortement endettées. Au troisième trimestre de 2019, les prêts accordés aux constructeurs non résidentiels ont diminué de 30 % en glissement
annuel. Fin septembre, le secteur de la construction avait accumulé des prêts non productifs (« non-performing loans », NPL) d’une valeur de 16 billions d’euros, sur un total de 55 billions de NPL d’entreprises en Italie.
Tout au long de la chaîne de valeur, grands acteurs et petites et moyennes entreprises souffrent de difficultés financières. L’absence de grands projets constitue, tout particulièrement, un problème. Dans ce secteur, la durée moyenne de paiement s’élève à 200-240 jours, délai qui s’explique surtout par la lenteur des paiements des clients publics. L’expérience de paiement dans le secteur de la construction a été très mauvaise au cours des deux dernières années, et les notifications de non-paiement étaient encore à un niveau très élevé en 2019.
L’année 2019 a été caractérisée par la faillite de cinq grands acteurs principalement actifs dans le secteur public italien. Ces faillites étaient majoritairement dues à la longue durée d’exécution des travaux publics, à des problèmes de liquidités de cédants publics, à un accès limité au crédit et à la nécessité de financer des besoins de trésorerie par des dispositifs onéreux tels que des obligations, sans compter les retards dans les travaux à l’étranger (surtout au Venezuela et en Algérie).
Market Monitor Construction Italy 2020 sector growth
Ces faillites de grands acteurs ont touché de nombreux sous-traitants. De plus, les créances impayées, la discontinuité (arrêts-relances répétés) des travaux publics et le manque de crédits ont provoqué de nombreuses défaillances de petites et moyennes entreprises. Nous prévoyons ainsi qu’en 2020, le nombre de notifications de non-paiement et de défaillances restera élevé, dans un contexte où les grands acteurs continueront de souffrir de problèmes de liquidités.
Une position de souscription très restrictive
Le gouvernement italien est intervenu et cherche à créer un important acteur de la construction, mené par Salini-Impregilo et impliquant d’autres grandes entreprises. L’objectif est d’établir un conglomérat de construction suffisamment large et puissant pour gérer de vastes projets publics et être plus compétitif à l’étranger. Cependant, ce « Progetto Italia » n’a pas encore été concrétisé.
En raison de l’évolution défavorable de l’insolvabilité, de la faible demande, de l’incertitude quant à la capacité de dépense future des organismes publics et de leur mauvais comportement de paiement persistant, notre politique de souscription reste très restrictive pour tous les principaux sous-secteurs, surtout pour la construction publique. Il en va de même pour le segment des matériaux de construction, bien qu’il faille souligner ici la performance stable des fabricants de tuiles et de céramiques haut de gamme, dont les opportunités d’exportation demeurent constantes.
Market Monitor Construction Italy 2020 strengths & weaknesses
Market Monitor Construction Italy 2020 performance forecast