Depuis quelques années, le déclin démographique et une pression accrue sur les prix ont conduit à une conjoncture de plus en plus difficile pour le marché domestique dont le chiffre d’affaires stagne.
- La situation sur le marché domestique reste difficile
- Augmentation des faillites à prévoir
- Les affaires de fraude restent une préoccupation
Le secteur agroalimentaire allemand, qui est le troisième plus important secteur économique du pays, joue également un rôle majeur en Europe. À l’exception de quelques opérateurs de taille mondiale, le secteur est principalement constitué de petites et moyennes entreprises (environ 5.800), qui emploient au total 570.000 personnes.
Selon l’association allemande de l’agroalimentaire BVE, le chiffre d’affaires nominal a enregistré une diminution de 2,1% d’une année sur l’autre en 2015, à 168,8 milliards d’euros, due principalement à une baisse des prix imputable à l’augmentation des volumes de production et aux restrictions affectant les exportations (notamment l’embargo alimentaire russe). Cette baisse a été suivie d’une augmentation de 0,8% au premier semestre 2016, à 82,5 milliards d’euros. Tandis que les ventes domestiques se stabilisaient à 55,8 milliards d’euros, les ventes à l’exportation enregistraient une augmentation de 2,6% à 26,7 millions d’euros. Le chiffre d’affaires réel (domestique et à l’exportation) a augmenté de 2,2%.
Depuis quelques années, le déclin démographique et une pression accrue sur les prix ont conduit à une conjoncture de plus en plus difficile pour le marché domestique dont le chiffre d’affaires stagne, voire diminue. Le marché de détail allemand de l’alimentation est le plus compétitif d’Europe; les prix y sont structurellement faibles en raison du pouvoir de marché écrasant des grands distributeurs et discounters alimentaires (EDEKA, REWE, Groupe Schwarz et Aldi), qui accaparent 67% de la totalité du marché de détail allemand de l’alimentation. La toute-puissance des grands détaillants et des discounters sur le marché, la concurrence acharnée et les guerres de prix qui font rage dans le secteur de la distribution signifient que les producteurs, transformateurs et fournisseurs de produits alimentaires ont des difficultés à répercuter les coûts. Il s’ensuit que leurs marges bénéficiaires ont décliné ces dernières années, et cette tendance persiste. Ces difficultés sont encore aggravées par le renforcement des normes de qualité qui exigent des investissements considérables de la part des producteurs et transformateurs d’aliments. Il y a des surcapacités dans certains sous-secteurs comme les boissons, la production et la vente en gros de viande, ce qui a contraint des entreprises à sortir du marché, par rachat, liquidation ou faillite. Parallèlement, le segment des produits laitiers souffre toujours de la forte chute des prix du lait. En revanche, le sous-secteur des fruits et légumes jouit actuellement de bonnes conditions de marché et de l’amélioration générale du développement des affaires.
Tout en étant confronté à des difficultés croissantes sur son marché domestique, le secteur agroalimentaire allemand est parvenu à se développer avec succès à l’étranger et à garantir ainsi la croissance de ses ventes en s’appuyant, entre autres, sur son excellente réputation. Au cours des dix dernières années, le secteur a accru son ratio d’exportation de 20% à 33% et enregistré une expansion notable de ses ventes sur des marchés de croissance étrangers comme la Chine.
Les producteurs et grossistes agroalimentaires paient à 30 jours en moyenne, tandis que les conditions de paiement des distributeurs varient souvent de 45 à 90 jours, voire plus. Comme les entreprises de transformation alimentaire et les détaillants exigent de leurs fournisseurs immédiats des délais de paiement plus longs pour améliorer leurs fonds de roulement, une vague d’allongement des délais est en train de se propager tout le long de l’ensemble de la chaîne d’approvisionnement. Nous avons constaté une augmentation des notifications de non-paiement au cours des derniers mois et cette tendance devrait perdurer. Les marges de rentabilité, déjà étroites, de nombreuses entreprises continuent à diminuer et une augmentation des faillites est à prévoir en 2017. Les (petites) entreprises les plus à risque sont celles qui ne bénéficient pas d’opportunités d’exportation ou qui n’offrent pas de produits spécialisés, et celles dont la situation financière est médiocre. Par conséquent, notre politique de couverture est devenue plus restrictive, notamment à l’égard des segments de la viande, de la transformation de celle-ci et des produits laitiers, car nous nous attendons à ce que cette conjoncture commerciale difficile se poursuive en 2017 pour ces secteurs.
Le secteur agroalimentaire reste affecté par un nombre considérable d’affaires de fraude; or celles-ci continuent à augmenter tout en devenant de plus en plus sophistiquées. Par conséquent, nous sommes particulièrement attentifs au nombre de limites de crédit qui sont demandées dans un bref laps de temps, notamment lorsque les acheteurs sont récemment établis et que la direction et/ou les actionnaires ont récemment changé ou que le secteur d’activité de l’acheteur n’est pas cohérent avec les marchandises commandées (par ex. une entreprise métallurgique commandant des produits alimentaires).
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