Des signes d'espoir pour l'économie mondiale?

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Nous avons revu à la hausse nos prévisions de croissance du PIB pour cette année, bien que l'activité économique reste modérée jusqu'en 2024

 

Walking on tightrope | Atradius

 

Notre prévision de croissance du PIB mondial a été revue à la hausse pour 2023 à 2,4 %, ce qui est un ralentissement par rapport à 2022 mais une amélioration significative par rapport aux prédictions antérieures. Nous prévoyons maintenant une croissance mondiale modeste de 2,0 % en 2024.

La croissance du commerce mondial devrait par ailleurs ralentir à 1,9 % en 2023, contre 3,2 % en 2022, avec une légère reprise en 2024 à 2,5 %. Notre prévision est conforme à l'idée que le rapport entre la croissance du commerce et la croissance du PIB s'est stabilisé à 1:1.

Alors, qu'est-ce qui sous-tend ces prévisions et pourquoi sommes-nous un peu plus optimistes qu'au début de l'année? Examinons de plus près les preuves.

L'inflation atteint son pic

Plusieurs raisons permettent d'être prudemment optimistes. Lorsque la Chine a finalement levé les restrictions liées à la Covid, elle l'a fait rapidement et complètement, donnant un coup de pouce significatif au commerce mondial. Dans le même temps, en partie grâce au soutien généreux des gouvernements, les États-Unis et la zone euro ont montré une certaine résilience face à la hausse des prix de l'énergie, qui sont maintenant à la baisse.

La flambée des prix de l'énergie était l'un des facteurs de la montée en flèche des taux d'inflation dans plusieurs grandes économies. Nous pensons que l'inflation a maintenant atteint son pic et continuera de baisser jusqu'en 2024. Les banques centrales ont augmenté les taux d'intérêt pour maîtriser les prix, ce qui aura progressivement un effet dans les mois à venir.

Les économies émergentes s'en sortent mieux

Ce sont des indicateurs positifs, mais il faut souligner que l'économie mondiale est sur le fil du rasoir. Un faux pas pourrait plonger certaines économies dans une nouvelle spirale inflationniste et d'autres dans la récession. La Chine, par exemple, est récemment tombée en déflation suite à une reprise en berne.

D'autres économies ont du mal à trouver le bon équilibre entre le resserrement monétaire et la croissance économique. La hausse des taux d'intérêt freine l'inflation, mais ralentit également l'activité économique et augmente les coûts d'emprunt pour les entreprises.

Pour ces raisons, nous prévoyons que la croissance mondiale du PIB dans les économies avancées restera à un faible 1,3 % en 2023, chutant à 0,6 % en 2024. Les économies de marché émergentes (EME) s'en sortiront mieux, avec une croissance prévue de 3,9 % en 2023 et de 3,8 % en 2024. L'Asie sera le principal contributeur à ce total, l'Amérique latine restant nettement à la traîne.

Ce scénario est le plus probable, mais ce n'est pas la seule possibilité. Aux États-Unis et dans la zone euro en particulier, l'inflation de base (hors énergie et alimentation) s'est avérée plus tenace que prévu. Si elle reste bien au-dessus des objectifs, les banques centrales pourraient être tentées d'augmenter davantage les taux d'intérêt, comme l'a récemment fait la Banque d'Angleterre. Cela pourrait entraîner une croissance négative

Des menaces pour nos prévisions

Nos prévisions sont basées sur l'hypothèse que les banques centrales restent largement sur ce fil du rasoir. Une politique monétaire qui réduit l'inflation sans pousser les économies dans la récession. Les taux d'intérêt se stabilisent aux niveaux actuels ou un peu au-dessus.

Mais il y a d'autres possibilités et d'autres variables. Une hypothèse que nous avons envisagée était que les impacts économiques de la guerre en Ukraine restent majoritairement les mêmes durant la période de prévision. La guerre peut s'achever ou non pendant cette période, mais les tensions entre l'Occident et la Russie resteront probablement, tout comme les sanctions.

Nous pensons également que les confinements sont probablement terminés, quelle que soit la résurgence de la Covid ou d'un autre virus. S'ils reviennent, ils seront probablement limités et temporaires.

Nous anticipons que les habitudes de dépenses de l’épargne pendant la pandémie ne changeront pas beaucoup. Les excédents d'épargne étaient de l'ordre de 5,1 % à 9,2 % du PIB pour la zone euro, les États-Unis, le Royaume-Uni et le Japon à la fin de 2022. Les consommateurs américains ont été les plus dépensiers jusqu'à présent, suivis de leurs homologues britanniques et japonais. Les consommateurs de la zone euro ont été comparativement prudents.

Les entreprises de nombreuses économies ont été protégées des effets les plus graves des confinements liés à la pandémie par le soutien gouvernemental, qui est également intervenu pour atténuer les hausses des prix de l'énergie. Les dispositifs liés à la pandémie sont maintenant terminés et le soutien à l'énergie diminue progressivement. Nous nous attendons à ce que cela continue, mais aussi à ce que les gouvernements interviennent à nouveau en cas de nouveaux chocs économiques.

La fin des hausses des taux d'intérêt?

Peut-être notre hypothèse la plus importante est-elle que l'inflation baissera progressivement, mais n'atteindra les objectifs des banques centrales qu’en 2024, voire plus tard. Nous ne prévoyons pas une nouvelle flambée des prix de l'énergie, et pensons qu'une spirale salaires-prix sera évitée.

En même temps, après des hausses de taux agressives en 2022 et 2023, nous approchons peut-être de la fin des mesures actuelles de resserrement monétaire. L'inflation ne baisse pas aussi rapidement que le souhaiteraient de nombreux banquiers centraux, ce qui signifie que des baisses de taux sont improbables cette année dans les principales économies avancées. Mais des hausses supplémentaires risquent de provoquer une augmentation des faillites d'entreprises.

De plus, il y a un risque croissant de démondialisation, avec des tensions entre la Chine et les États-Unis exacerbées par le soutien de la Chine à la Russie. L'UE est également devenue plus méfiante vis-à-vis des intentions chinoises. Notre modèle de prévision suppose qu'un apaisement significatif des relations est peu probable, tout comme un découplage important des principales économies.

La conclusion

Le message optimiste de cette prévision est que 2023 sera probablement une meilleure année pour la croissance qu'on aurait pu le penser en janvier. La réouverture de la Chine et la résilience des économies occidentales face aux chocs des prix de l'énergie sont des raisons d'être raisonnablement optimistes.

L'année prochaine devrait être dans la continuité, avec une croissance du PIB modérée et une légère amélioration du commerce mondial.

La mise en garde est que ces prévisions dépendent d'une baisse graduelle et constante de l'inflation, accompagnée de taux d'intérêt se stabilisant. Pour le moment, ces hypothèses semblent raisonnables.