John Lorié, Economiste en chef d'Atradius, analyse le paysage économique en cette période charnière pour l'économie mondiale.
Face à un ensemble de défis sans précédent, l'économie mondiale est confrontée à une forte détérioration de la croissance. Après 2023, la situation devrait légèrement s’améliorer, car les actions actuelles des banques centrales et la normalisation des chaînes d'approvisionnement devraient contribuer à atténuer les pressions sur les prix.
Notre étude sur les perspectives économiques analyse les défis économiques auxquels sont confrontées les régions du monde. L'inflation élevée est le principal défi avec un impact sur le monde entier. L'ombre d'une forte inflation et d'une stagnation économique, la stagflation, plane sur de nombreuses économies alors que la crise du coût de la vie se développe, avec la volatilité des prix des denrées alimentaires et de l'énergie, la guerre en Ukraine, les effets continus de la pandémie, une forte inflation et une faible croissance. La croissance du PIB mondial devrait baisser à 1,2% en 2023, contre 2,9% en 2022.
La stagflation devrait se dissiper progressivement en 2023 avec la baisse de l'inflation. La croissance mondiale devrait repartir à la hausse de 2,9% en 2024, surtout si les effets négatifs de la guerre en Ukraine commencent à s'atténuer.
2023 devrait être une année difficile pour les marchés émergents comme pour les économies avancées. Nous prévoyons une décélération de la croissance du PIB des marchés émergents à 2,9% en 2023, contre 3,6% en 2022. Pour ceux qui ont une dette privée ou publique élevée, des défis supplémentaires seront causés par les taux d'intérêt. De nombreux marchés avancés seront également confrontés à une contraction de la croissance l'année prochaine, avec des prévisions de -0,1% pour la zone euro et une contraction économique de 0,4% pour les États-Unis.
Ces prévisions sont établies dans un contexte d’incertitudes inhabituelles. La persistance d'une inflation élevée reste un risque majeur, alimentée par de nouveaux chocs sur les prix de l'énergie. Une telle situation inciterait les banques centrales à prendre des mesures plus radicales pour juguler l'inflation, ce qui aurait des conséquences désastreuses sur la croissance. En effet, dans ce scénario, la croissance du PIB mondial en 2023 serait réduite de moitié, à 0,6%.