Les droits d’entrée sur l’acier et les métaux importés pénalisent certains segments et les grandes industries acheteuses ne vont pas tarder à être affectées par la hausse des prix.
- Les droits d’entrée sur l’acier et les métaux importés pénalisent certains segments
- Les grandes industries acheteuses ne vont pas tarder à être affectées par la hausse des prix
- Une légère augmentation des faillites n’est pas à exclure
D’après la World Steel Association, la production américaine d’acier s’est accrue de 4% en 2017, puis du même pourcentage au cours de la période janvier-août 2018. Après un bond de 6,4% en 2017, la demande domestique d’acier devrait augmenter d’environ 3% en 2018 et de 2% en 2019. L’an dernier, les entreprises sidérurgiques et métallurgiques américaines ont bénéficié de la baisse de l’impôt sur le revenu des sociétés, ce qui leur a permis d’agrandir leurs infrastructures et d’accroître leurs investissements.
Les droits d’entrée imposés par Washington sur l’acier et les métaux importés à partir du printemps 2018 ont conduit à un ajustement des prix sur le marché américain. Cette hausse a contribué à accroître les revenus et à améliorer la rentabilité des producteurs américains d’acier et de métaux, car l’acier et les métaux produits dans le pays sont désormais moins chers que les produits importés.
Cela dit, en fonction du niveau de leurs besoins d’approvisionnement à l’étranger, la trésorerie et les marges des producteurs de taille moyenne, des petits centres de services métallurgiques et des acheteurs finals commencent à ressentir la pression liée au délai de mise en place des fonds de roulement nécessaires pour faire face à la hausse des prix, surtout en ce qui concerne l’acier et l’aluminium.
Les nouvelles taxes à l’importation font que le choix des acheteurs se porte en premier lieu sur les produits sidérurgiques et métallurgiques américains mais, parallèlement, de nombreux producteurs étrangers proposent des produits spécialisés qui ne sont pas facilement disponibles aux États-Unis. Les articles métalliques traditionnellement fabriqués aux États-Unis ont été produits à un coût plus élevé que les mêmes produits importés.
Cela veut dire que de nombreuses entreprises américaines de négoce ou de transformation de l’acier et des métaux doivent assumer les taxes à l’importation supplémentaires ou payer des prix plus élevés pour les produits domestiques, mais qu’elles ne peuvent pas, à court terme, répercuter cette augmentation sur leurs clients ou acheteurs finals en raison des contrats en cours. Même une fois ces contrats expirés en 2019, le principal risque pour les entreprises importatrices de produits sidérurgiques et métallurgiques restera leur incapacité de répercuter les coûts accrus des produits importés sur les acheteurs finals.
La question des taxes à l’importation sur l’acier et les métaux pourrait même avoir un effet négatif sur l’ensemble de l’économie américaine, notamment sur les grands secteurs acheteurs d’acier et de métaux comme l’automobile, la construction et les biens de consommation durables (par ex. les gros appareils ménagers comme les réfrigérateurs et les cuisinières et fours). Tous ces segments ont un besoin vital de produits métalliques (surtout d’aluminium), qu’ils se procurent souvent à l’étranger. Ne pas répercuter les augmentations de prix induites par les taxes douanières nuirait à la situation financière des entreprises, mais les répercuter sur les consommateurs finals pourrait conduire à une baisse de la demande de ces derniers. Ainsi, on s’attend à ce que le secteur de l’automobile connaisse une réduction de la production de nouveaux modèles en raison d’une baisse de la demande des consommateurs provoquée par la hausse des prix finals. La hausse des prix de l’acier et des métaux pourrait avoir un effet retardateur sur les nouveaux projets de construction. Afin de respecter les objectifs budgétaires, les financiers et les entrepreneurs pourraient réduire la taille des projets.
Le délai moyen de paiement dans le secteur américain de l’acier et des métaux reste en moyenne de 30 à 45 jours sur le marché domestique et de 60 à 90 jours pour les entreprises basées à l’étranger. Les retards et les défauts de paiement ont décru en 2017 grâce à l’amélioration des performances enregistrée l’an dernier.
Cependant, les répercussions liées aux barrières tarifaires ayant commencé à toucher certains segments, on ne peut exclure que les cas d’insolvabilité augmentent légèrement au cours des 12 prochains mois dans le secteur de la sidérurgie et de la métallurgie, notamment chez les petits opérateurs qui n’ont pas les moyens de faire face à l’augmentation des prix.
Notre politique de couverture est généralement neutre pour le secteur de la sidérurgie/métallurgie. Si les barrières tarifaires sont bénéfiques pour les aciéries et les recycleurs, les négociants en acier et métaux, les centres de services et les transformateurs ont en revanche du mal à absorber une hausse des coûts qu’ils sont incapables, pour le moment, de répercuter sur leurs clients finals. Par conséquent, la situation de chaque acheteur doit être examinée séparément. Pour chacun d’eux, nous cherchons à bien comprendre la répartition de ses revenus nationaux et internationaux et la dynamique de sa chaîne d’approvisionnement.
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