Des taxes potentielles sur les importations liées à la chimie auraient pour effet d’augmenter le coût des matières premières, ce qui affecterait négativement les chaînes d’approvisionnement.
- De nombreux segments continuent à bénéficier de l’avantage du coût du gaz de schiste
- Une escalade de la guerre commerciale affecterait gravement le secteur
- En moyenne, les délais de paiement varient de 30 à 90 jours
Malgré les perturbations provoquées par l’ouragan Harvey, en 2017 la production chimique a continué à s’améliorer en volumes (+0,8%), et une forte croissance est attendue en 2018 et 2019 (+3,7% et +3,9% respectivement), selon l’American Chemistry Council. Ce dynamisme est soutenu par la forte demande des secteurs de l’automobile et de la construction, les investissements de capitaux, et le fait que de nombreux sous-secteurs de la chimie continuent à profiter de l’avantage que procure le gaz de schiste en termes de coût. Les États-Unis sont passés en peu de temps d’un statut de producteur à coûts élevés de produits pétrochimiques et résineux essentiels à la position de deuxième producteur aux coûts les plus bas au monde.
Selon les projections, les exportations américaines de produits chimiques liés au gaz de schiste devraient atteindre 123 milliards d’USD d’ici 2030. Les fabricants de produits chimiques cherchent clairement à profiter de la faiblesse persistante des prix aux États-Unis, laquelle favorise une expansion considérable des projets liés au méthane.
Pour les sociétés pharmaceutiques basées aux États-Unis, la réforme fiscale américaine se traduira par une baisse du taux d’imposition et leur permettra de rapatrier une partie des capitaux qu’elles possèdent à l’étranger et de les utiliser. Ce flux de capitaux rapatriés pourrait être utilisé pour rembourser les dettes, financer de nouvelles activités, ou être réinvesti dans des projets basés aux États-Unis.
Les grandes améliorations des infrastructures annoncées par la nouvelle administration américaine dès son entrée en fonction avantageraient largement les entreprises chimiques du pays productrices de polymères, revêtements, adhésifs, solvants et autres matériaux utilisés dans l’industrie de la construction. Toutefois, aucune mesure concrète n’a été décidée à ce jour.
Au contraire, après l’annonce de tarifs douaniers dissuasifs appliqués aux importations d’acier et d’aluminium et de droits supplémentaires portant sur 50 milliards d’USD d’importations chinoises, il semble désormais que les risques potentiels de dégradation liés aux politiques économiques du Président Trump excèdent les chances économiques. En effet, en cas d’escalade de ce litige, les partenaires commerciaux risquent de prendre immédiatement des mesures de rétorsion qui affecteraient gravement l’industrie chimique américaine, vu son excédent commercial important (à lui seul, le Mexique représente plus de la moitié de l’excédent commercial américain de produits chimiques). En même temps, des taxes potentielles sur les importations liées à la chimie auraient pour effet d’augmenter le coût des matières premières nécessaires aux entreprises chimiques américaines, ce qui affecterait négativement les chaînes d’approvisionnement.
Le secteur pharmaceutique américain devrait enregistrer une croissance de sa valeur ajoutée de 1,6% en 2018 et de 2,8% en 2019. Début mai 2018, le Président Trump a exprimé son intention d’abaisser les prix des médicaments sur ordonnance et, alors que le Secrétaire à la santé et aux services sociaux confirmait mi-juin 2018 devant la commission de la santé du Sénat que plusieurs sociétés étaient examinées, il a été confirmé qu’il faudrait encore du temps avant que les réductions ne se matérialisent. Les fabricants de médicaments devraient également annoncer une baisse des prix, mais aucune société n’a encore indiqué officiellement son intention de le faire. Par conséquent, il ne semble pas que la pression à la baisse des prix des médicaments exercée par l’administration américaine aura un quelconque impact tangible sur le secteur à court terme. La progression continue de la croissance de la production et des ventes sera soutenue par le vieillissement de la génération des «baby boomers» et la hausse de la demande en produits pharmaceutiques que cette évolution entraînera.
Les marges de rentabilité des entreprises chimiques et pharmaceutiques américaines sont généralement stables, et le nombre de retards de paiement est faible. En moyenne, les délais de paiement dans l’industrie chimique varient de 30 à 90 jours. Par comparaison avec d’autres secteurs de l’économie, il y a peu de faillites et cette situation positive devrait perdurer en 2018, dans le sillage de l’amélioration de la demande de produits chimiques et pharmaceutiques.
Notre politique de couverture à l’égard du secteur de la chimie et de la pharmacie est généralement positive à neutre. Le secteur étant très fragmenté et dépendant de l’évolution de l’économie et des coûts des intrants, nous suivons de très près les tendances de chaque sous-secteur et des marchés finals. Nous surveillons aussi étroitement les entreprises chimiques qui font des affaires dans des pays dont la monnaie locale s’est fortement dépréciée par rapport au dollar américain.
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