Rapport Pays Inde

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28 janv. 2016

Une croissance économique robuste, mais des entreprises fortement endettées. Le rythme des réformes demeure trop lent.

India Key Indicators
India industries performance outlook

Situation politique

Chef d'Etat : Président Pranab Mukherjee (depuis juillet 2012)

Chef du gouvernement : Premier Ministre Narendra Modi (depuis mai 2014)

Forme du gouvernement : Gouvernement de coalition de centre-droite de l'Alliance Démocratique Nationale (ADN), mené par le parti Bharatiya Janata (BJ).

Population: 1.29 milliards

Victoire écrasante du BJ aux élections générales de 2014

Lors des élections générales organisées avril/mai 2014, le parti d'opposition BJ a remporté une victoire écrasante en décrochant une majorité absolue au parlement (282 des 543 sièges de la chambre basse), la première majorité d'un parti depuis 1984. L'ancien gouvernement de coalition de l'Alliance Progressiste Unie (APU) a essuyé une sérieuse défaite, le parti décrochant seulement 44 sièges (contre 206 après les élections générales de 2009). Avant les élections, le gouvernement APU a lutté contre un mécontentement répandu de la population lié à la forte inflation, à une croissance en recul ainsi qu'à plusieurs scandales de corruption massive.

Par contre, la figure de proue du BJ, Narendra Modi, s'est forgé une réputation forte en qualité de gestionnaire compétent ainsi que de réformateur économique alors qu'il dirigeait l'État de Gujarat. Modi et le BJ ont également bénéficié de l'aide des marchés financiers internationaux en raison de leur position favorable aux entreprises et tournée vers les réformes. Cependant, malgré son écrasante victoire aux élections, ce gouvernement ne possède toujours pas de majorité à la chambre haute, ce qui freine l'adoption de réformes structurelles majeures au sein du parlement.

Situation économique

Des perspectives de croissance forte en 2015 et 2016                   

India real GDP growth

Les perspectives économiques de l'Inde sont les plus prometteuses d'Asie en 2015 et 2016, ces deux années allant respectivement enregistrer une croissance du PIB de 7,3 % et 7,6 % selon les prévisions. L'économie bénéficie d'un gouvernement stable, de prix du pétrole peu élevés (l'Inde est un grand importateur de pétrole en termes nets) ainsi que d'un investissement direct et indirect important. La demande nationale progresse dans un contexte composé d'une consommation privée forte (plus 7,4 % en 2015), d'une production industrielle accrue et d'investissements. Ceci étant, le ralentissement économique qui frappe certains des principaux marchés émergents comme la Chine pèse également sur la croissance de l'Inde, notamment par le biais d'une demande moins importante envers les exportations indiennes. Les exportations ne représentent toutefois que 25% du PIB, ce qui rend l'économie indienne relativement fermée moins sensible à une demande externe en recul.

L'inflation est passée sous les  5.0% en 2015

L'inflation décrit un net recul depuis 2013 (de 10 % en 2013 à moins de 5,0 % en 2015), en raison des prix moins élevés du pétrole ainsi que d'une politique monétaire prudente mise en œuvre par la banque centrale indienne, qui a fait d'un indice des prix à la consommation moins élevé son objectif principal depuis la fin de l'année 2013. Au fil des dernières années, une inflation obstinément élevée de plus de 9,0 % et des taux d'intérêt élevés ont découragé la demande des consommateurs ainsi que les investissements. L'indice des prix à la consommation élevé constitue un problème de taille en Inde, où il sape le pouvoir d'achat des nombreux ménages pauvres.


La solvabilité externe est forte

Le risque pays et souverain de l'Inde demeure faible. La dette extérieure s'élevait seulement à 22% du PIB en 2014 et devrait descendre sous les 20 % du PIB en 2015 et 2016 en raison d'une croissance économique forte. La situation de la liquidité est confortable et couvre plus de huit mois d'importations tandis que les déficits du compte courant devraient demeurer faibles en 2015 et 2016. L'Inde possède un excellent historique de paiement et n'en a pas raté un seul depuis 1970, ce qui lui offre un bon accès aux marchés des capitaux. Cela induit un capital à court terme considérable ainsi que des afflux sous forme de portefeuille.

 

India current account
En 2013 et comme certains autres marchés émergents, l'Inde est devenue sensible à la réaction des investisseurs internationaux par rapport à la « réduction » prévue par la Réserve fédérale américaine (à savoir une diminution de son programme d'assouplissement quantitatif). Une inversion des flux de capitaux étrangers s'est soldée par une dépréciation marquée de la roupie indienne ainsi qu'une détérioration du cours de la bourse. L'Inde a cependant regagné la confiance des marchés financiers internationaux en 2014 et la dépréciation de la roupie s'est atténuée entre-temps.

Certains risques de ralentissement majeurs persistent

Tandis que l'économie indienne présente actuellement certains points forts importants, divers risques de ralentissement persistent par rapport à la croissance économique : la menace du désinvestissement gouvernemental face à un déficit fiscal élevé, l'échec de l'accroissement des investissements réalisés par les entreprises en raison d'un secteur financier surendetté ainsi que les obstacles aux efforts de réforme nécessaires afin de s'attaquer aux problèmes structurels persistants.

La dette publique élevée et les déficits demeurent un problème

India fiscal balance

Les finances publiques demeurent une faiblesse à la fois au niveau du gouvernement central et des États. La dette publique en général et le déficit fiscal du gouvernement général sont demeurés élevés en 2015, à respectivement 65 % du PIB et 8+.1 % du PIB. Les principales raisons consistent en une assiette fiscale faible ainsi qu'en des dépenses de subventions toujours élevées en faveur des carburants, de l'alimentation et des engrais. Ces déficits peuvent cependant être largement financés par l'emprunt intérieur qui réduit les effets négatifs. La baisse vers l'emprunt intérieur consiste en une éviction financière des débiteurs du secteur privé.

Troubles du secteur financier et niveau de la dette des entreprises élevé

En Inde, le secteur des entreprises souffre d'un excédent de dettes : le ratio d'endettement moyen des entreprises indiennes non financières excède les 85 %. La dollarisation de la fourniture du crédit intérieur a progressé de manière significative depuis 2013, tandis que les entreprises indiennes présentant des niveaux de dette extérieure élevés sont en particulier sensibles aux variations des flux de capitaux, à l'accroissement des taux d'intérêt ainsi qu'à la volatilité des taux de change.

Il n'est pas surprenant que le secteur bancaire indien souffre d'une quantité élevée de créances irrécouvrables. Un problème fondamental à cet égard consiste en l'absence de véritable législation sur la faillite en Inde, ce qui entrave la bonne récupération ou restructuration de la dette et de l'actif d'une entreprise et laisse les prêts improductifs plus longtemps dans les livres comptables de la banque. Selon la Banque mondiale, il faut plus de quatre années pour liquider une entreprise en mauvaise posture en Inde et la récupération moyenne des dettes atteint tout juste 25%. Les estimations affirment que les prêts improductifs ou restructurés représentent quasiment 15 % des actifs détenus par les banques du secteur public en Inde (les banques du secteur public représentant quelque 70 % du total des prêts bancaires). La préoccupation persiste quant au fait que les banques ne seront pas en mesure ou ne souhaiteront pas financer un investissement accru des entreprises à l'avenir, ce qui freinerait des taux de croissance économique plus élevés. Le gouvernement a lancé un projet de loi visant à réformer les faillites en novembre 2015, mais il demeure à voir si le parlement l'adoptera bientôt.

La cadence des réformes structurelles demeure trop lente

India real fixed investment

L'Inde présente de nombreuses carences: sous-développement du secteur agricole, mauvaise infrastructure, droit du travail rigide, bureaucratie excessive, droit foncier inflexible ainsi qu'un manque de main-d'œuvre qualifiée en raison d'une mauvaise formation de la plupart de la population. Tous ces facteurs constituent des barrières aux investissements étrangers et à une croissance plus importante.

L'alimentation électrique, les routes et voies ferrées ainsi que le mauvais système éducatif nécessitent une prise en charge urgente et davantage de partenariats d'investissement publics/privés sont nécessaires pour les projets d'infrastructure. Même si les gouvernements antérieurs ont répété qu'ils allaient accroître les incentives destinés aux investisseurs privés, à ce jour la participation du secteur privé s'est essentiellement concentrée sur le secteur des télécommunications, avec des investissements en faveur de l'hygiène publique, de la production d'électricité, des routes et voies ferrées bien plus faibles que prévu. Par voie de conséquence, toutes les principales villes d'Inde connaissent un souci permanent d'alimentation électrique ainsi que des pénuries d'eau.

India industrial production

Le BJ ayant adopté une position davantage tournée vers le marché libre et favorable aux entreprises, les attentes envers la nouvelle administration Modi sont élevées et la majorité du BJ à la chambre basse fait que les chances d'adoption des réformes sont plus importantes que jamais. Cependant, il manque toujours au BJ une majorité à la chambre haute, ce qui signifie que ce parti a besoin du soutien de l'opposition afin d'adopter des réformes essentielles. Dans le même temps, Modi et le BJ doivent tenir compte de l'opinion publique ainsi que du pouvoir des syndicats.

À ce jour, l'administration Modi a uniquement imposé des réformes par petits pas. Elle a reculé devant les grandes coupes des subventions en faveur des carburants, de l'alimentation et des engrais qui, ensemble, représentent un tiers de l'énorme déficit fiscal indien, mais constitueraient un sujet très sensible et impopulaire. En août 2015, des parties essentielles d'un projet de loi visant à réformer le droit foncier selon une vision favorable à l'industrie furent retirées suite à la résistance acharnée des partis d'opposition au parlement et en septembre 2015, près de 150 millions de travailleurs, soutenus par 10 syndicats de premier plan, sont partis en grève contre les projets de révision du droit du travail rigide en Inde.

Au cœur des efforts de réforme se trouve une taxe nationale sur les biens et services qui stimulerait substantiellement le PIB en supprimant les barrières aux échanges entre de nombreux États indiens et créerait un marché unique. Le Premier Ministre Modi envisage de lancer cette taxe en avril 2016, mais il demeure cependant à voir si ce délai est possible à tenir car l'opposition parlementaire a soulevé de nombreux obstacles. Quoi qu'il en soit, un compromis est nécessaire entre le gouvernement et l'opposition.

 

 

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