L'inflation a été l'une des priorités du G7 cette semaine. John Lorié, économiste en chef d'Atradius, commente.
L'invasion de l'Ukraine par la Russie a stoppé la reprise économique après la pandémie de la Covid-19, impactant la croissance économique, en pesant lourdement sur les prix des matières premières, de l'énergie et des denrées alimentaires et « poussant l'inflation à des niveaux jamais vus depuis des décennies au G7 et au-delà ».
Dans ce contexte, quelles sont les perspectives d'évolution de l’inflation ? John Lorié, Economiste en Chef d’Atradius, commente.
En mars, nous pensions encore que l'inflation serait temporaire, car nous ne nous attendions pas à une guerre longue, ni à de graves perturbations de l'approvisionnement en pétrole et en gaz.
Cependant, nous voyons actuellement des indicateurs montrant que l'inflation augmente, ce qui nuit à la croissance mondiale.
Le G7 s'est dit préoccupé par la hausse des prix de l'énergie et de la sécurité énergétique, qui peut avoir de graves conséquences pour les entreprises comme pour les particuliers. Le G7 a déclaré : « en coordination avec l'AIE, nous étudierons des mesures supplémentaires pour réduire la flambée des prix et prévenir d'autres impacts sur nos économies et nos sociétés, au sein du G7 et dans le monde entier », cela afin de réduire la dépendance à l'égard de la Russie et de soutenir la stabilité des marchés énergétiques mondiaux.
John Lorié ajoute : « la sécurité énergétique est au premier plan, notamment en raison des développements géopolitiques. La grande question est de savoir comment l'embargo pétrolier de l'Union Européenne sur la Russie va fonctionner, avec la nécessité de remplacer l'énergie par d'autres sources, également aggravée par les contre-mesures russes ».
Le G7 a également affirmé que - sous la pression de la sécurité énergétique - il ne compromettra pas ses objectifs en matière de climat et de biodiversité, y compris la transition énergétique, ni ses engagements à éliminer progressivement ou à interdire l'importation de charbon et de pétrole russes.
Concernant la question de la transition vers les énergies propres, John Lorié déclare : « A court terme, je m'attends à ce que davantage de combustibles fossiles soient utilisés, mais les prix élevés de l'énergie entraîneront une utilisation plus efficace de l'énergie et, en fin de compte, le désir d'être indépendant du pétrole et du gaz russes devrait avoir pour effet d'accélérer la transition énergétique ».
L'inflation élevée comprime les revenus réels des ménages du monde entier et accroît la pression sur les banques centrales pour qu'elles procèdent à un resserrement plus agressif à court terme. Nous prévoyons un ralentissement du PIB mondial à 3,1% en 2022, le resserrement des conditions monétaires pesant sur l'activité. Cette situation, conjuguée à une aggravation des goulets d'étranglement des chaînes d'approvisionnement internationales provoquée par la guerre en Ukraine et la politique chinoise du zéro-covid, grèvera la croissance du commerce mondial, qui devrait continuer à s'essouffler, décélérant à environ 4% en 2022.