Rapport Pays France Juin 2021

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14 juin 2021

Performance des industries françaises : amélioration de certains secteurs, mais le risque de crédit pour de nombreuses entreprises dans les industries clés reste élevé.

Performance of French industries June 2021

Situation économique

Au premier trimestre de cette année, le PIB français ne s'est contracté que de 0,1 % en glissement trimestriel, après une baisse de 1,5 % au quatrième trimestre de 2020. L'activité économique a été soutenue par un modeste rebond des dépenses d'investissement et de la consommation privée.


Même si le taux de croissance du deuxième trimestre sera affecté par les mesures de confinement complet imposées en avril, l'assouplissement progressif de ces restrictions en mai et juin, ainsi que le déploiement de la vaccination, entraîneront un rebond au second semestre. Selon Oxford Economics, l'économie française devrait connaître une croissance de 5,4 % en 2021, après une forte contraction de 8,2% en 2020. Le rebond économique sera principalement porté par la demande intérieure. La consommation et l'investissement des ménages augmenteront respectivement de 3 % et 10,5 %, les investissements des entreprises bénéficiant des importantes mesures de relance mises en oeuvre (voir ci-dessous). Alors que la consommation des administrations publiques augmentera de 4,7 %, les exportations devraient rebondir de 11 %, après une contraction de plus de 16 % l'année dernière. L'inflation devrait augmenter de 1,5 % cette année, en raison de la reprise et de la hausse des prix de l'énergie.


En 2022, l'économie française devrait croître de 5,3 %, avec une nouvelle hausse des investissements et des exportations (respectivement de 4,5 % et 9 %). La consommation privée devrait progresser de 6,7%. Comme au second semestre 2021, le pouvoir d'achat des ménages sera soutenu par le dispositif chômage partiel du gouvernement et les économies réalisées pendant le confinement. Toutefois, la hausse du chômage (qui devrait passer à 9,2 % en 2022, contre 8,3 % en 2021 et 7,8 % en 2020) pourrait freiner la consommation privée.

Les mesures de soutien massives ont fait grimper la dette publique

Depuis l'apparition de la pandémie en France, le gouvernement français a lancé des mesures d’accompagnement massives pour soutenir les consommateurs et les entreprises. Afin d’aider les entreprises touchées par la pandémie, le gouvernement a lancé plusieurs mesures, notamment un programme de chômage partiel, un Fonds de solidarité pour aider les petites entreprises et les micro-entrepreneurs, un vaste programme de prêts garantis par l'État (PGE) et des mesures facilitant la mise en place de moratoires sur les dettes et les loyers.


En raison de ces mesures de relance et de l'impact négatif de la pandémie sur les recettes fiscales, le déficit budgétaire français a augmenté pour atteindre 9,4 % du PIB en 2020. Avec des dépenses publiques supplémentaires pour soutenir l'économie en 2021 et en 2022, un autre déficit de près de 9 % du PIB est attendu cette année, suivi d'un déficit de 6,5 % du PIB l'année prochaine. Actuellement, le programme de politique économique du gouvernement se concentre sur la mise en oeuvre d'un plan de relance de l'offre de 100 milliards d'euros (dont 40 milliards doivent provenir du fonds de relance de l'UE de 750 milliards d'euros, sous réserve de l'approbation finale de la Commission européenne et du Conseil européen). Le plan de relance vise principalement à stimuler le secteur industriel en augmentant la compétitivité et les investissements dans la numérisation et l'écologie (entreprises vertes), tandis qu'un autre pilier est le renforcement de la cohésion sociale et territoriale (y compris la création d'emplois/minimiser la hausse du chômage).

La dette publique augmentera pour atteindre près de 120 % en 2021, soit le troisième ratio dette/PIB le plus élevé de la zone euro après la Grèce et l'Italie. Néanmoins, à court terme, le gouvernement donnera la priorité à la croissance économique plutôt qu'à l'assainissement budgétaire. Il est aidé en cela par le fait que la Banque Centrale Européenne (BCE) soutient indirectement les finances publiques de la France grâce à sa politique monétaire extraordinairement souple. La BCE s'est engagée à acheter des actifs dans le cadre du programme d'achat d'actifs pandémique (PEPP), et elle a augmenté et prolongé le PEPP en décembre 2020. La BCE achètera jusqu'à 1,85 trillion d'euros d'obligations jusqu'en mars 2022, et elle réinvestira les paiements du principal jusqu'à la fin de 2023. Cela permettra de maintenir les coûts de financement à un niveau bas pour l'instant et donnera aux gouvernements de la zone euro une certaine marge de manoeuvre pour augmenter leurs émissions de dette.

Amélioration des prévisions de performance dans certaines industries

En raison de l'amélioration des perspectives économiques, les perspectives de risque de crédit/de performance des entreprises dans certaines industries clés ont été récemment revues à la hausse, bien que partant d'un niveau très bas dans la plupart des cas.

Automobile/Transport : la production du secteur automobile devrait augmenter d'environ 22 % cette année, après avoir diminué de 28 % en 2020. Cependant, malgré le fort rebond, la situation de risque de crédit de nombreuses entreprises reste tendue, car le ralentissement de 2020 a entraîné de graves tensions de trésorerie et des manques de liquidités. Malgré des mesures de relance importantes (par exemple, des dépenses directes et des mesures d'allègement fiscal), de nombreux sous-traitants de niveau I et II, et même certaines entreprises de taille moyenne, sont confrontés à un risque de crédit accru. La production de l'industrie aérospatiale française rebondira d'environ 13 %, après avoir enregistré une contraction de plus de 30 % en 2020. Les sous-traitants continueront de souffrir de la faiblesse de l'activité, et aucune reprise réelle n'est prévue avant 2024-2025. Le segment devant se consolider, de nombreux acteurs devraient disparaître à court et moyen terme. En raison de tous ces facteurs défavorables, les perspectives de performance du secteur restent "sombres" pour l'instant.

Construction/Matériaux de construction : les perspectives de performance du secteur ont été rehaussées d'un cran, mais elles restent "médiocres" pour le moment. Le secteur affichait des performances médiocres avant l'épidémie de coronavirus, avec des problèmes de trésorerie accrus pour les entreprises en raison de difficultés à financer leurs besoins en fonds de roulement. La production de la construction s'est contractée de 14 % en 2020. Alors que l'activité de construction résidentielle et non résidentielle a continué de baisser au début de 2021, les sous-secteurs des travaux de rénovation sont restés résilients jusqu'à présent. La production de construction devrait rebondir d'environ 12 % en 2021, mais les pénuries de matériaux, la volatilité des prix des intrants et le report de projets pèsent sur les entreprises dont les marges sont plus serrées. Grâce aux mesures de soutien du gouvernement, les défaillances dans le secteur de la construction sont restées faibles en 2020 et au premier trimestre 2021, mais une hausse des défaillances d'entreprises est attendue vers la fin de cette année.

Électronique/TIC : les ventes se sont détériorées en raison de la fermeture d'entreprises à cause des confinements, et certains commerces de détail sont confrontés à un niveau réduit de rentrées de trésorerie. Cependant, les dépenses des entreprises et des employés en biens et services numériques ont augmenté en raison de la forte hausse du travail à distance, et la production des TIC devrait augmenter de 5 % cette année. Par conséquent, les perspectives de performance du secteur ont été relevées d'un cran, passant de "médiocres" à "passables".

Machines/ingénierie : la production de machines devrait rebondir de 13% en 2021 après une contraction du même chiffre en 2020. Après une période difficile due au gel des investissements de nombreuses industries, un rebond s'est amorcé depuis fin 2020. Les perspectives restent positives pour le second semestre de 2021 et pour 2022, car les investissements en capital précédemment reportés seront enfin réalisés. La production d'ingénierie devrait augmenter de 11 % cette année et de 4,5 % en 2022. Par conséquent, les perspectives de performance du secteur ont été relevées de deux crans, passant de "sombres" à "passables".

Métaux et acier : les deux industries connaîtront une reprise des commandes et des ventes cette année, car la demande de certaines industries acheteuses clés (automobile, construction et machines/ingénierie) rebondit. La production française de fer et d'acier devrait augmenter de 14,5 %, après une contraction de 18,5 % en 2020. Si les producteurs sont confrontés actuellement à des prix de vente plus élevés en raison de l'augmentation de la demande et des pénuries de produits sidérurgiques et métalliques, la hausse des prix des intrants due au manque de matières premières constitue un problème. Les secteurs des métaux et de l'acier ont été rehaussés d'un cran, passant de "sombre" à "médiocre".

Services : En raison des mesures de confinement complet et de la pandémie en cours, de nombreux segments ont fortement souffert, en particulier les hôtels et la restauration, les restaurants, les bars, les événements de divertissement et culturels, les agences de voyage et les voyagistes. Après une contraction de 10 % en 2020, la production de services devrait rebondir d'environ 4 % cette année. Le retour du secteur du tourisme à ses niveaux antérieurs prendra un certain temps. Les flux touristiques ne se rétabliront pas complètement en 2021, car certaines personnes s'abstiendront de voyager pour limiter les risques sanitaires. À mesure que les restrictions seront assouplies, le segment de l'hôtellerie et de la restauration, gravement touché, rebondira, d'environ 8 % seulement en 2021, après une contraction de 29% l'an dernier. Les prévisions de performance du secteur des services restent "sombres" pour l'instant.

Hausse des défaillances attendue à partir du second semestre 2021

Malgré la forte contraction économique en 2020, les défaillances d'entreprises françaises ont diminué de 39 % sur un an, pour atteindre 31 200 cas. Selon la Banque de France, les défaillances d'entreprises ont reculé de 35 % sur la période avril 2020 - avril 2021.


Cette baisse est principalement due à un moratoire temporaire sur les faillites et à un soutien fiscal important. Alors que le moratoire sur l'obligation de déposer une demande d'insolvabilité a expiré à la fin du mois d'août 2020, les mesures de relance massives destinées à soutenir les entreprises ont maintenu les chiffres de défaillances à un faible niveau. Avec la fin progressive des mesures gouvernementales, on s'attend à ce que les défaillances d'entreprises augmentent à nouveau vers la fin de 2021. Si l'on considère la croissance cumulée des défaillances entre 2019 et 2021, les défaillances d'entreprises françaises devraient augmenter de 8 %, avec une nouvelle hausse des défaillances attendue en 2022.

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